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L’Andorre ouvre ses frontières, les Français se ruent sur l’alcool et le tabac


En milieu de matinée, la route sinueuse de montagne conduisant au Pas-de-la-Case, première localité andorrane après la frontière, avait des airs de départ de vacances, noircie par des centaines de voitures. (Photo : AFP)

Alcool et cigarettes détaxés, essence ou même lessive… Des milliers de Français se sont rués dès l’aube vers la principauté pyrénéenne d’Andorre, qui ouvrait lundi ses frontières mais aussi ses commerces, asphyxiés par plus de deux mois de confinement.

« À quatre heures du matin on avait déjà du monde. Les gens sont prêts à tout pour des clopes! », s’amuse au poste-frontière un policier andorran, vérifiant une à une les pièces d’identité d’un groupe de quatre jeunes d’une vingtaine d’années.

En milieu de matinée, la route sinueuse de montagne conduisant au Pas-de-la-Case, première localité andorrane après la frontière, avait des airs de départ de vacances, noircie par des centaines de voitures sur une dizaine de km.

Les autorités du petit Etat pyrénéen ont estimé qu’environ 6 000 véhicules étaient venues des environs, la limite des 100 km pour les déplacements n’ayant pas encore été levée en France.

À 11h, ils étaient quelque 5 000 à avoir franchi la frontière, selon Jean-Michel Rascagneres, le maire adjoint de la paroisse d’Encamp, à laquelle est rattachée le Pas-de-la-Case. Des « touristes express » faisant l’aller-retour en quelques heures et se pliant dans la bonne humeur à toutes les mesures mises en place par la mairie pour éviter les scènes d’agglutinement comme celles du 11 mai au Perthus, à la frontière franco-espagnole.

« Reine de la lessive » 

Port du masque et gel hydroalcoolique obligatoires à l’entrée des magasins, sens de circulation unique sur les trottoirs, bonhommes peints au sol pour faire respecter l’espace d’1,50 m entre les personnes…

« Tout ça me rassure, je n’ai pas envie de mourir de ce virus. Ca fait très longtemps que je ne suis pas sortie de chez moi, j’ai la tête qui tourne », confie Eléonore Ducros, 76 ans, venue de « l’Ariège profonde » acheter des cigarettes avec son amie et boire son premier café en terrasse depuis deux mois.

Dans un café restaurant un peu plus loin, Carmel Alcaraz se délecte d’une bière et d’une assiette de frites. « On revit, on est bien, on en avait tellement besoin! », s’exclame-t-elle. Cette habituée du Pas-de-la-Case est partie de bonne heure en ce jour férié, « mais on a quand même fait deux heures de route, contre une habituellement ». Dans ses sacs, pas d’alcool ou du tabac, mais des produits de nettoyage.  « Je suis la reine de la lessive, j’adore la lessive vendue ici, qui vient d’Espagne », rigole cette sexagénaire, confiant être capable de faire le trajet depuis l’Ariège une fois par mois pour s’en procurer.

(Photo : AFP)

(Photo : AFP)

Les vendeurs du Pas-de-la-Case, pour qui les touristes Français représentent plus de 95% des acheteurs durant la période estivale, sont aussi de bonne humeur derrière leur masque. « Enfin on travaille, on n’en pouvait plus de rester à la maison, c’était soit on ouvrait soit on sautait par les balcons », affirme Arnaud Monségu, vendeur de spiritueux.

« Cet autre Andorre »

L’épidémie de Covid-19 a asphyxié l’économie andorrane, qui dépend essentiellement du commerce transfrontalier et du tourisme, provoquant une envolée du chômage et menaçant les quelque 78 000 habitants d’une forte récession. « Ce qui est perdu est perdu, on ne le retrouvera plus, mais on va faire notre possible pour regagner encore plus de clientèle que d’habitude », lance le vendeur.

Aux prix déjà largement plus bas qu’en France, nombreux sont les commerçants qui affichent sur leurs vitrines des réductions de 20, 30 ou même 50%.

« On a avancé les soldes avec l’accord du gouvernement et de la chambre de Commerce parce que les commerçants ont beaucoup de stocks », indique à l’AFP Jean-Jacques Carrié, président d’une association de commerçants du Pas-de-la-Case et lui-même propriétaire de plusieurs magasins.

Mais pour relancer l’économie de ce petit État déjà très fragilisé avant même l’épidémie et qui ne bénéficiera pas du plan de relance européen, car ne faisant pas partie de l’Union, le gouvernement andorran souhaite attirer des touristes au-delà du Pas-de-la Case.

« Le territoire compte 90% de nature, et c’est cet autre Andorre que les gens ne connaissent pas souvent que nous souhaitons aussi mettre en avant », a déclaré à la presse la ministre du Tourisme Véronica Canals.

AFP