Le gouvernement allemand a décidé mercredi de prolonger son dispositif de chômage partiel face à l’impact économique plus durable que prévu de l’épidémie.
Un accord en ce sens a été trouvé dans la nuit entre les partis de la coalition d’Angela Merkel, les conservateurs CDU-CSU et les sociaux-démocrates du SPD. Il permettra d' »aider les salariés et les entreprises de taille moyenne à survivre à cette grave crise et à conserver leur emploi », a souligné mercredi le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier.
Les entreprises et salariés pouvaient jusqu’ici bénéficier du financement par l’État du chômage partiel durant une période maximale de douze mois. Le dispositif sera désormais applicable pendant 24 mois. Cette prolongation était demandée avec force par les entreprises, dont beaucoup tournent toujours au ralenti.
En Allemagne, l’État prend en charge deux tiers environ du salaire dans le cadre du chômage partiel. Cette mesure est l’un des principaux outils utilisés par le gouvernement allemand pour soutenir la première économie européenne contre le ralentissement économique.
Un dispositif critiqué
L’Agence fédérale pour l’emploi va avoir besoin d’environ 10 milliards d’euros supplémentaires pour financer le rallongement de cette mesure, a précisé mercredi le ministre du Travail, Hubertus Heil. Les réserves de l’Agence ont fondu depuis le début de la crise alors que près de 6,7 millions de salariés ont bénéficié du chômage partiel au pic de la pandémie.
La prolongation du chômage partiel a suscité d’intenses débat au sein du gouvernement. Les conservateurs étaient réticents en raison du coût et souhaitaient poser des conditions plus strictes pour pouvoir en bénéficier. Les sociaux-démocrates voulaient eux la prolongation dans des conditions inchangées et ont globalement eu gain de cause.
Le quotidien conservateur FAZ se montre critique à l’égard des dispositifs annoncés. Il y voit le risque de soutenir à fonds perdus « des entreprises zombies » , c’est-à-dire non viables.
L’allocation prolongée du chômage partiel « met un frein au changement structurel » dans l’économie et « les entreprises qui n’allaient pas aussi bien avant la crise vont rester en vie alors qu’elles devraient en fait disparaître », s’est aussi inquiété sur la chaîne ZDF l’économiste allemand Lars Feld, chef du comité dit des « cinq sages », des experts chargés de conseiller le gouvernement. Son plaidoyer : laisser des entreprises mourir dans les secteurs les plus touchés par la crise, en s’attendant à ce que d’autres en meilleure santé embauchent plus à leur tour.
LQ/AFP