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Lait bio : la coopérative BIOG quitte Luxlait


André Schank (à dr.) n'a jamais exclu une participation de Luxlait. (photo JC Ernst)

Les producteurs luxembourgeois de laits bios pourraient créer leur propre laiterie.

Avec la suppression, en avril dernier, des quotas laitiers en Europe, la production de lait a augmenté de façon significative. Mais tandis que la production conventionnelle a vu le prix du lait chuter, celui du lait bio n’a cessé de grimper grâce à une demande croissante partout en Europe, plaçant du coup les producteurs de lait bio luxembourgeois en position de force face à Luxlait, leur associé de plus de quinze ans.

Jusqu’à présent, les deux millions de litres de lait bio livrés à Luxlait l’ont été au prix conventionnel de 30 cents/l. De ce lait, 60 % servaient à produire des produits BIOG et 40% étaient destinés à des produits conventionnels. Sur la vente de chaque litre de lait bio, le producteur touchait une prime de treize cents.

Avec le prix actuel du lait bio oscillant autour des 50 cents, la différence entre le prix offert sur le marché et le prix versé devient criante. Or chez Luxlait on a toujours hésité à développer le segment bio, à s’associer à la création d’une laiterie bio commune ou à augmenter la prime bio. De même, on excluait de confier le lait bio excédentaire à une laiterie spécialisée.

Le prix du marché plus avantageux

La coopération des agriculteurs bios a donc décidé de réagir en annonçant la création d’une laiterie bio indépendante. À deux exceptions près, tous les producteurs de lait bio ont annoncé vouloir quitter Luxlait à partir du 31 décembre. La coopérative nouvellement créée louera, dans un premier temps, des locaux situés dans la zone industrielle de Käerjeng. En juillet de cette année, le conseil d’administration de BIOG avait décidé avec la direction du groupe Oikopolis (rassemblant BIOG, Biogros et Naturata) de la création d’une SARL à laquelle participeront Oikipolis et tous les producteurs de lait bio.

Comme l’a précisé, mercredi, lors d’une conférence de presse, le directeur d’Oikopolis André Schank, Luxlait restera le bienvenu et il n’est pas exclu d’accueillir un jour la plus grande laiterie du pays parmi les actionnaires, même si la direction a déjà écarté cette option.

Si BIOG dit comprendre la décision de Luxlait, pris de court par la rapidité avec laquelle la création de la laiterie bio a été décidée, la coopérative, qui compte actuellement dix producteurs, estime que Luxlait a la vue courte. En effet, selon BIOG, la création d’une laiterie bio commune aurait représenté une solution «compacte et unique» pour le traitement et la vente du lait bio à Luxembourg, comme le souligne un communiqué.

En attendant, dès janvier, l’ensemble du lait bio sera utilisé comme tel et le lait excédentaire, vendu au prix du marché vers l’étranger.

Frédéric Braun