Plus de 220 millions d’euros d’impôt sur les sociétés dus par Lactalis auraient échappé au fisc entre 2013 et 2018, a estimé vendredi le média d’investigation Disclose, alors que le groupe laitier français réfute toute évasion fiscale.
« Lactalis ne fait pas d’évasion fiscale. C’est une entreprise française qui paye ses impôt en France », a assuré le groupe à la presse française. Le site web d’investigation, qui a travaillé dans le cadre d’un partenariat avec Mediapart, Brut, France Culture, The Guardian, Envoyé Spécial (France 2) et le site d’investigation Le Poulpe, s’est penché sur l' »ingénierie financière complexe » de Lactalis.
« Selon nos estimations, les différentes opérations d’évasion fiscale de Lactalis auraient permis à la famille Besnier de soustraire pas moins de 220 millions d’euros d’impôt sur les sociétés au fisc français, entre 2013 et 2018 », écrit le média en ligne.
Disclose dit avoir analysé 113 documents financiers montrant que Lactalis remonte les bénéfices de ses filiales britannique, espagnole et de sa maison mère BSA France vers une « société-écran » basée au Luxembourg baptisée Nethuns, sous forme de remboursement de prêt.
Selon des documents du registre du commerce du Luxembourg, obtenus par Disclose, les actionnaires de Lactalis Emmanuel Besnier, sa soeur Marie Besnier et son frère Jean-Michel Besnier sont tous les trois bénéficiaires effectifs de cette société écran.
La fortune d’Emmanuel Besnier, président de Lactalis, est estimée à 17,4 milliards de dollars (14,7 milliards d’euros), et celles de Marie Besnier et Jean-Michel Besnier à 6,1 milliards de dollars chacun (5,1 milliards d’euros), selon le magazine Forbes.
En 2018, le groupe avait déjà démenti « de prétendues pratiques fiscales illégales » après des articles sur les sites d’information Mediapart et Les Jours ainsi que dans l’hebdomadaire Ebdo. Début 2019, le quotidien régional Ouest-France avait également détaillé la « très complexe tuyauterie fiscale » de Lactalis sur la base d’un rapport d’expertise commandé par la Confédération paysanne.
Le syndicat agricole avait à l’époque remis un « dossier de signalement » au parquet national financier sur des « soupçons d’évasion et de fraudes fiscales ». La confédération paysanne a indiqué ne pas avoir « de nouvelles » d’une éventuelle ouverture enquête judiciaire.
LQ/afp