La Grèce a salué vendredi un accord « historique » de la zone euro clôturant huit années de crise, assurant que le pays « tourne une page » avec une dette dorénavant « viable ». « La Grèce tourne une page, sa dette est à présent viable », a déclaré le porte-parole du gouvernement.
« C’est une décision historique », a-t-il dit Dimitris Tzanakopoulos à la télévision publique TV ERT. « Je pense que le peuple grec peut sourire, peut respirer à nouveau ». Des médias et des analystes tempéraient toutefois l’optimisme en faisant observer que le respect des obligations budgétaires prévues nécessitera d’appliquer une discipline de fer. Le pays restera soumis à une surveillance renforcée de ses créanciers. « Ce serait une erreur terrible de cultiver l’illusion que la fin des programmes d’aide signifie un retour à la normale », estimait le quotidien d’opposition Ta Nea. « Ce qui suit est une surveillance serrée qu’aucun autre pays n’a expérimentée » après de tels programmes.
Les ministres des Finances de la zone euro se sont entendus tôt vendredi, après plus de six heures de réunion à Luxembourg, sur les modalités de sortie de la Grèce des programmes d’aide dont elle bénéficie depuis huit ans ainsi que sur des mesures d’allègement de sa dette. L’accord vise à permettre à la Grèce de quitter, comme prévu, la tutelle de ses créanciers – zone euro et Fonds monétaire international (FMI) – le 20 août afin de recommencer à se financer seule sur les marchés, après plusieurs années de profonde récession et trois programmes d’aide. Il comprend un dernier allègement important de la dette, pour l’aider à assurer sa crédibilité sur les marchés financiers.
Remboursements à partir de 2022
« La crise grecque s’achève ici, cette nuit », s’est félicité le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. « Je suis heureux », a affirmé le ministre grec des Finances Euclid Tsakalotos, ajoutant : « Pour que ça en vaille la peine, nous devons nous assurer que le peuple grec voit des résultats concrets ». Les ministres ont convenu d’allonger de dix ans les échéances de remboursement d’une grande partie de la dette grecque, au niveau le plus élevé de l’UE (180% du PIB), et de permettre aux Grecs de ne commencer a rembourser une partie des prêts qu’à partir de 2032, contre 2022 jusqu’à présent.
Les ministres ont aussi validé le versement d’une toute dernière tranche d’aide de 15 milliards d’euros, contrepartie aux 88 dernières réformes accomplies par la Grèce ces dernières semaines. Sur cette somme, 5,5 milliards sont destinés au service de la dette et 9,5 milliards alimenteront un « matelas financier » de plus de 24 milliards d’euros pour les 22 mois qui suivront la sortie du programme.
Poursuite des réformes
Sous la pression de l’Allemagne, certaines mesures d’allègement de la dette resteront conditionnées à la poursuite des dernières réformes dont certaines s’étendront sur plusieurs mois. Athènes sera d’ailleurs dès sa sortie du troisième programme d’aide en août, et jusqu’en 2022, sous le coup d’une surveillance encore jamais vue de la part des Européens, bien plus serrée que celles mises en place dans le passé pour le Portugal, Chypre ou l’Irlande.
Le FMI, qui a participé financièrement aux deux premiers programmes grecs, ne le fera pas pour le troisième, mais restera impliqué dans la surveillance post-programme, a annoncé vendredi sa directrice générale, Christine Lagarde, présente à Luxembourg. Selon elle, la dette grecque est soutenable « à moyen terme ». « Mais sur le long terme, nous avons des réserves ». Les Européens ont aussi prévu de faire le point sur la dette grecque en 2032 et d’accorder, si nécessaire, de nouvelles mesures d’allègement.
Le Quotidien/AFP