La Banque et caisse d’épargne de l’État (Spuerkeess) signe un exercice 2019 solide et renoue avec une croissance avec un lourd recul.
Après un exercice 2018 catastrophique sur le papier, avec un recul de 27,2% de son résultat net – en raison notamment de l’adoption obligatoire de la norme comptable IFRS9 – la Banque et caisse d’épargne de l’État (Spuerkeess) a repris des couleurs en 2019. La Banque luxembourgeoise affiche en effet un résultat net de 183,9 millions d’euros, soit une progression de 4,9% en un an, et flirte avec ses niveaux records de 2017.
« L’année 2019 a vraiment été bonne au niveau des résultats financiers, mais également au niveau du développement commercial et du développement de nouveaux produits que nous avons pu mettre à disposition de notre clientèle », a souligné Françoise Thoma, directrice générale de la BCEE.
Dans le détail des résultats financiers, la BCEE affiche, pour l’année 2019, un produit bancaire de 603,6 millions d’euros, en hausse de 12,4% sur un an et affiche une augmentation du résultat sur intérêts, dividendes et commissions de l’ordre de 7,3% par rapport à l’exercice 2018 pour s’établir à 553,8 millions d’euros. La marge d’intérêts a augmenté de 5,9% et la banque a constaté une progression des commissions de l’ordre de 10,4% par rapport à l’exercice 2018. Au niveau des frais généraux, ils ont augmenté de 4,2% sur un an, en raison de la hausse des frais de personnel résultant de l’indexation des salaires et d’autres éléments d’ajustement du régime de traitement légal des employés de Spuerkeess. « Nous avons investi beaucoup d’argent dans l’informatique, l’automatisation et la simplification des processus internes à la banque et dans les canaux de contact avec la banque ainsi que dans l’optimisation du réseau des agences dans le but de les moderniser », a encore souligné la directrice de générale de la BCEE.
L’État luxembourgeois, en sa qualité d’actionnaire et propriétaire, va pouvoir empocher un dividende à hauteur 40 millions d’euros. Mais comme la banque BGL BNP Paribas, qui a présenté ses résultats jeudi, la BCEE a décidé de reporter le versement du dividende. « Suite au contexte actuel de crise sanitaire et sur recommandation de la Banque Centrale européenne, le versement du dividende est reporté au mois d’octobre suite à une évaluation concluante par la Banque de la situation une fois que les incertitudes liées à la pandémie Covid-19 auront disparu », a précisé Françoise Thoma.
Des solutions pour le rural
Si au niveau comptable, la direction de la BCEE se félicite de ses résultats 2019, les derniers mois n’ont pas été de tout repos, notamment en février dernier avec la levée de boucliers d’une dizaine de bourgmestres suite à l’annonce de la fermeture de 11 agences sur 65 dans le pays. « Nos représentants du réseau des agences se sont entretenus individuellement avec toutes les communes concernées par une fermeture d’agence et des mesures alternatives suivant leurs faisabilités dans les communes en question sont en train d’être mises en place. Nous sommes tout à fait conscients du problème de la désertification de la vie locale dans les communes les plus rurales. C’est une problématique que nous prenons très au sérieux, pourtant ce n’est pas les banques seules qui peuvent solutionner cette problématique et des agences bancaires vides ne vont certainement pas résoudre le problème. Donc nous sommes en train de voir commune par commune en quoi nous pouvons trouver et offrir des solutions », a répété Françoise Thoma, régulièrement interrogée sur la question depuis plusieurs mois.
La directrice générale explique d’ailleurs par un exemple une des solutions mises en place par la banque : « Depuis le 13 mars, nous avons mis en place la solution ‘cash à domicile’. Une solution qui permet, sur l’ensemble du territoire luxembourgeois, aux personnes âgées ou invalides et qui ne disposent pas d’une carte de paiement ou encore des personnes n’ayant pas de proches pour les aider, nous pouvons livrer, gratuitement et sans frais, du cash à domicile”. Solution assez récente, cet outil qui s’adresse aux personnes vulnérables a été utilisé par une petite cinquantaine de personnes.
Autre solution mise en place par la banque, la Spuerkeess direct. De 7h à 19h, il est possible, par téléphone, d’effectuer les principales opérations bancaires. « C’est un outil qui ne nécessite aucune compétence informatique et donc largement accessible à notre clientèle plus âgée ou ayant moins d’affinité avec le digital », a souligné Françoise Thoma. Mis en place depuis le mois d’octobre dernier, entre 2 500 et 3 000 appels par jour sont traités.
Des moratoires par milliers avant les « crédits civid-19″
Suite à la crise sanitaire, comme les autres banques, la BCEE a largement démocratisé le travail à distance. Sur un effectif total de 1 800 collaborateurs, environ 1 100 sont en télétravail. 250 personnes travaillent encore physiquement, disséminées dans la soixantaine de bâtiments que compte la banque luxembourgeoise dans le pays. Enfin, 250 collaborateurs sont en dispense à domicile, mais reste d’astreinte pour éventuellement renforcer les équipes si le besoin se fait sentir dans les divers services de la banque. À noter enfin qu’une centaine de collaborateurs sont en congé pour raisons familiales liées au coronavirus. « Nous contactons un usage de ce congé pour raisons familiales raisonnable et responsable de la part de nos collaborateurs », a remercié François Thoma.
Concernant le rôle la banque pour soutenir les entreprises en difficulté à la suite de la crise sanitaire, la BCEE a souligné vouloir jouer le rôle d’un « partenaire financier responsable au service de l’économie réelle luxembourgeoise ». « Dès le 13 mars dernier, nous avons accordé des moratoires sur les crédits en cours pour certains de nos clients », a souligné Françoise Thoma avant d’ajouter : « Nous avons reçu plus de mille demandes allant dans ce sens et je pense qu’à 99,9% des cas, nous allons y répondre favorablement ». Même chose pour les « crédits covid-19 », qui vont bénéficier de la garantie d’État à hauteur de 85%, même si dans ce cas il va falloir être un peu plus patient pour avoir plus de détail dans la mesure où le gouvernement n’a pas encore fait voter la mesure au Parlement.