Une société russe a inauguré lundi, dans un ancien laboratoire soviétique du Nord de la Russie, une unité de production de cryptomonnaies d’une capacité selon elle sans précédent dans le pays, dont les autorités cherchent actuellement à réguler un secteur en pleine expansion.
« C’est la plus grande et pour l’instant la seule ferme en Russie ‘de cycle complet’, qui non seulement produit de la crypto-monnaie, mais propose aussi des services à ceux qui font du minage », a indiqué devant la presse Alexeï Koroliov, cofondateur du centre « Kriptoiounivers », dans la ville de Kirichi, à 180 kilomètres au sud-est de Saint-Pétersbourg. L’entreprise privée s’étend sur 4 000 m² et compte plus de 3 000 unités de « minage », le processus de fabrication de ces monnaies nées d’algorithmes informatiques très gourmands en énergie, indépendamment des banques centrales, et échangées surtout sur internet.
Ces unités fabriquent des bitcoins, la plus célèbre monnaie virtuelle, ainsi que des litecoins, l’une des nombreuses concurrentes qui ont fleuri vu le succès de ces devises fabriquées sur la base de la technologie du « blockchain ».
Entre 130 et 140 000 roubles par an
Cette « ferme » occupe un ancien laboratoire soviétique, inoccupé depuis 20 ans, qui produisait auparavant des engrais. La construction du centre a pris plus d’un an et nécessité un investissement de 500 millions de roubles (6,5 millions euros). Selon Alexeï Koroliov, chaque unité de minage devrait produire entre 130 et 140 000 roubles par an. D’une puissance de 20 mégawatts, cette unité dispose donc d’une puissance considérable, sans aucune mesure avec les unités existantes, menées parfois par des particuliers sur leurs ordinateurs privés alléchés par les gains parfois spectaculaires permis par ces monnaies après leur création.
Selon une étude publiée fin 2017 par le cabinet Ernst & Young, la Russie arrive en troisième place après les États-Unis et la Chine comme pays ayant vu le plus de levées de fonds en crypto-monnaies entre 2015 et 2017. L’euphorie est depuis retombée et le bitcoin a reculé à ses plus bas niveaux depuis la flambée des cours de fin 2017, notamment en raison d’affaires de piratage qui ont renforcé la méfiance des régulateurs du monde entier.
Longtemps réticentes, les autorités russes souhaitent désormais, comme de nombreux autres pays, donner une première base légale aux monnaies virtuelles, qui attisent les convoitises. Une loi sur le sujet est actuellement en lecture au Parlement. Elle devrait autoriser la production de crypto-monnaies, mais interdire son échange contre des roubles. « D’après notre législation, tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. Donc il n’y a aucune interdiction concernant notre activité », a commenté Alexeï Koroliov.
LQ/AFP