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La guerre et l’inflation conduisent l’euro au plus bas depuis 2002


(Photo : AFP)

L’euro a plongé mardi à son plus bas depuis près de 20 ans face au dollar, s’approchant de la parité, emporté par les tensions sur l’énergie en Europe provoquées par la guerre en Ukraine.

À moins de 1,03 dollar pour un euro, la monnaie unique européenne évolue à un niveau plus vu depuis fin 2002, dans ses premiers jours, quand les inconnues étaient encore multiples sur la nouvelle devise. Désormais, ce sont les risques causés par l’invasion russe de l’Ukraine et l’envolée des prix du gaz qu’elle provoque qui pèsent sur l’euro.

« Les craintes croissantes d’une récession font baisser l’euro, tandis que le dollar s’envole », a commenté Fiona Cincotta, analyste de City Index. Les cambistes font le pari que la banque centrale américaine (Fed) va continuer à relever ses taux d’intérêt de manière agressive pour maîtriser l’inflation, dit-elle.

Et « les données PMI publiées (ce mardi) en Europe ont mis en évidence le risque de ralentissement de la croissance à la fin du deuxième trimestre », poursuit-elle. La croissance de l’activité économique en zone euro a fortement ralenti en juin dans le secteur privé, au plus bas depuis 16 mois, selon l’indice PMI composite de S&P Global.

« C’est le signe que les économies commencent à vraiment sentir l’effet de l’inflation élevée », soulignent les analystes de OFX. Résultat, l’indicateur a fait plonger l’euro plus bas qu’en 2016, quand la crise de la dette européenne et le vote du Brexit avaient fait craindre l’explosion de l’UE.

Une entrée en récession plus tôt que prévu

Et l’inflation ne devrait pas se calmer dans l’immédiat, puisque les prix de l’énergie grimpent en raison notamment d’une grève en Norvège qui limite la production d’hydrocarbures.

« Les fortes hausses des prix du gaz et de l’électricité font courir un risque important que l’économie de l’UE entre en récession plus tôt que prévu », affirme Trevor Sikorski, analyste chez Energy Aspects, dans un rapport.

« Avec des températures plus basses que prévu, il est peu probable que l’Allemagne atteigne son objectif de 90 % des réserves qui était visé pour assurer un approvisionnement normal cet hiver », note Derek Halpenny, analyste chez MUFG.

La Banque centrale européenne (BCE) a peu de marge de manœuvre pour resserrer sa politique monétaire, puisqu’une hausse des taux risquerait de rendre la dette de certains pays trop lourde à supporter.

Dans ce contexte, toute reprise de l’euro doit être vue « comme un rebond de court terme », prévient Fawad Razaqzada, analyste chez StoneX, qui craint que sans changement majeur sur le front ukrainien ou de la BCE, l’euro ne poursuive sa baisse.