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La Grèce pourrait sortir de la zone euro


La Grèce d'Alexis Tsipras poursuit son bras de fer jusqu'au bout avec ses créanciers. (photo AFP)

Avant un nouvel Eurogroupe jeudi à Luxembourg, sans perspective d’accord avec les créanciers du pays, la fermeté du Premier ministre Alexis Tsipras semble inébranlable. Et ce malgré une mise en garde alarmiste de la Banque centrale sur le risque de sortie de la zone euro, voire de l’UE.

Sans accord, le couperet tombera, prédit la Banque de Grèce: « défaut de paiement de la Grèce puis, au bout du compte, sortie du pays de la zone euro et, très probablement, de l’Union européenne », écrit l’institution dans son rapport annuel sur l’économie du pays, tout en estimant que « peu de chemin reste à parcourir » vers un compromis.

L’incompréhension mutuelle entre la Grèce et ses créanciers, qui s’est accrue ces derniers jours, rend désormais le scénario d’un accord de dernière minute sur le déblocage d’une tranche de prêts de 7,2 milliards d’euros, vitale au pays, moins probable qu’un Grexit (35% contre 40%), selon les analystes de Berenberg.

Les deux parties auront l’occasion de reprendre leur dialogue lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Luxembourg jeudi. Mais le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a confié à des députés avoir peu d’espoir d’un dénouement à cette occasion.

Alexis Tispras sera lui en Russie, pour un forum économique à Saint-Petersbourg, malgré un appel pressant des Etats-Unis, mardi soir, à prendre une « initiative sérieuse » pour sortir de l’impasse. Dans la lignée de son discours de fermeté, mardi, devant les membres de son parti, il martelé mercredi que « si l’Europe insiste sur les retraites (l’un des points d’achoppement des négociations, ndlr), elle devra en accepter le prix »

La veille, devant les députés Syriza, il s’en était pris aux « institutions » des créanciers accusées de « tendre des pièges » à Athènes et à la « responsabilité criminelle » du FMI.

Donnant donnant

Il ne cesse cependant de réaffirmer sa volonté d’un accord bénéfique aux deux parties. Premier dirigeant d’un pays européen à venir à Athènes depuis l’arrivée au pouvoir du parti de gauche radicale, le chancelier autrichien Werner Faymann a tenté de mettre de l’huile dans les rouages en prônant des solutions pour la Grèce « qui n’accroissent pas la pauvreté ».

Dernière occasion pour une solution de dernière minute: le sommet prévu européen fin juin, ou un sommet exceptionnel dans l’intervalle. Sans le feu vert des créanciers, la Grèce pourrait être dans l’incapacité des rembourser les quelque 1,5 milliard d’euros qu’elle doit au FMI d’ici à la fin juin.

Pour éviter la rupture, la banque centrale grecque appelle les deux camps à faire preuve de souplesse. Elle invite le gouvernement grec à reconnaître que l’abaissement des objectifs d’excédent primaire accepté par l’UE et le FMI lui donne « quelques degrés de liberté supplémentaire dans la conduite de la politique budgétaire » et les créanciers à « préciser leur volonté » d’octroyer à la Grèce un allègement de sa dette publique « comme initialement prévu » en 2012.

Si l’effort demandé à Athènes est désormais trois fois moindre, avec un objectif d’excédent primaire, avant paiement de la charge de la dette, revu à 1% du PIB, contre 3% auparavant, les moyens de réaliser ces économies continuent de diviser la gouvernement grec de gauche radicale et les institutions (UE, BCE, FMI) qui lui prêtent de l’argent depuis que le pays a plongé dans la crise, fin 2009, en raison d’un dette publique explosive.

La pression venue des rangs de Syriza est également forte: le parlement grec a entendu mercredi, en présence de M. Tsipras, les premières conclusions des experts internationaux qui ont planché depuis avril au sein de la « Commission pour la vérité sur la dette publique ».

Selon un de ses membres, la Commission estime que « la Grèce ne devrait pas payer sa dette car elle est illégale, illégitime, et odieuse », et que le pays a été victime « d’une attaque concertée » de ses créanciers uniquement destinée à faire passer la dette qui pesait sur les banques privées, notamment françaises, allemandes et grecques, vers le secteur public, et donc, les épaules des citoyens grecs.

Un rassemblement devant le parlement grec contre l’intransigeance imputée aux créanciers dans cette négociation à haut risque est prévu en fin de journée.

AFP