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La France entre en récession, plongeon de 6% du PIB au 1er trimestre


«La croissance sera fortement négative en 2020", avant un "rebond" en 2021», a indiqué le gouverneur de la Banque de France. (Photo : AFP)

L’économie française n’aura pas mis longtemps à s’effondrer, heurtée de plein fouet par l’épidémie de Covid-19 : dès le 1er trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a plongé, laissant augurer d’une récession d’une ampleur inédite cette année.

Selon une estimation publiée mercredi par la Banque de France, le PIB a chuté d’environ 6% sur les trois premiers mois de l’année, soit la pire performance trimestrielle de l’économie française depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le PIB s’étant déjà replié de 0,1% au quatrième trimestre, selon l’Insee, la France est donc techniquement en récession. C’est le premier pays du G7 à officialiser cette entrée en récession, mais l’Italie et le Japon devraient suivre après être déjà tombés dans le rouge au dernier trimestre 2019. Avec une économie qui a stagné fin 2019, l’Allemagne devrait y échapper de justesse dans l’immédiat. Mais son économie va se contracter de 9,8% ce trimestre et de 4,2% sur l’ensemble de cette année, selon des prévisions publiées parallèlement mercredi par ses principaux instituts économiques.

Il y a peine un mois pourtant, la Banque de France tablait encore sur une petite croissance de 0,1% au trimestre écoulé. Mais c’était avant que l’épidémie de Covid-19 ne se propage massivement sur le territoire et que le confinement ne soit imposé le 17 mars. Sur le seul mois de mars, l’activité a reculé de 17%, se révélant sur les quinze derniers jours inférieure d’environ un tiers (-32%) à la normale, selon la Banque centrale française. Depuis 1945, seul le deuxième trimestre de 1968, avec les évènements du mois de mai, avait connu un effondrement « du même ordre de grandeur », note-t-elle. Le PIB avait alors chuté de 5,3%. La Banque de France ne s’avance pas sur une prévision annuelle, mais considère que chaque quinzaine de confinement entraînera une perte de PIB de 1,5% sur un an. Fin mars, l’Insee évoquait aussi une possible perte de 6 points de PIB cette année si le confinement durait deux mois. Un scénario de moins en moins improbable, puisque l’exécutif envisage de le prolonger au-delà du 15 avril.

Le mois d’avril sera « au moins aussi mauvais que la dernière quinzaine de mars », a déjà prévenu le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur RTL. « La croissance sera fortement négative en 2020 », avant un « rebond » en 2021. Pour la cheffe économiste de l’OCDE, Laurence Boone, le chiffre avancé par la Banque de France est « un minimum ». Il pourrait être aggravé par l’impact de la baisse de la demande extérieure et d’autres perturbations sur les chaînes de valeur, a-t-elle expliqué sur France Inter. Le gouvernement prépare aussi les esprits à un scénario noir.

«Éviter le naufrage»

Lundi, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a prévenu s’attendre à une contraction de l’économie « très au-delà » des -2,9% enregistrés en 2009 après la crise financière de 2008, pire performance de l’économie française depuis 1945. Et il a comparé à plusieurs reprises « le choc » à la grande dépression ayant suivi le crash boursier de 1929, insistant sur l’enjeu : « éviter le naufrage ». Certains secteurs n’en sont déjà plus très loin, comme le transport aérien ou le tourisme, affectés dès la propagation de l’épidémie en Asie. Selon la Banque de France, les pertes d’activité les plus fortes concernent en mars la construction, « avec une baisse à hauteur des trois quarts de l’activité normale », le commerce, les transports, l’hébergement et la restauration. L’industrie résiste à peine mieux avec des sites de production qui ont tourné à un peu plus de la moitié de leur capacité. De quoi justifier les centaines de milliards d’euros que le gouvernement est prêt à mobiliser pour soutenir les entreprises et les salaires.

« Aujourd’hui ce n’est pas le moment de compter », a estimé le gouverneur de la Banque de France, ajoutant toutefois que « ceci ne pourra pas durer éternellement ». « Si on arrive à maintenir un système productif en place, alors on aura une probabilité de rebond un peu plus important », a abondé Éric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’OFCE, sur France Inter. Mais « si aujourd’hui on ne prend pas les bonnes décisions, alors petit à petit ce tissu productif va se détruire progressivement et là on aura une crise beaucoup plus structurelle ».

LQ/AFP