La banque centrale américaine s’apprête à abaisser ses taux pour la première fois depuis 2020, sonnant le glas de trois ans de forte inflation aux États-Unis.
« La tant attendue baisse des taux de la Fed va enfin arriver», a annoncé l’économiste Nancy Vanden Houten. Les intentions de la Réserve fédérale américaine (Fed) ne sont pas un secret : son président, Jerome Powell, en avait fait part fin août. «Le temps est venu», avait-il déclaré.
La baisse des taux, attendue lors de la réunion de la banque centrale qui se tiendra demain et mercredi, sera la première depuis 2020 et l’impact brutal du covid sur l’économie américaine. Les taux avaient alors été rapidement ramenés à zéro, pour soutenir l’activité économique. Mais deux ans plus tard, face à la flambée de l’inflation, il avait fallu les relever, progressivement, afin de contenir une surchauffe de l’économie. Les taux se trouvent ainsi, depuis juillet 2023, dans la fourchette de 5,25 % à 5,5 %, au plus haut en deux décennies.
Ce niveau élevé renchérit le coût du crédit. Maintenu trop longtemps, il risque de faire grimper le chômage, voire de provoquer une récession. Mais «la question n’est plus de savoir s’ils vont réduire (les taux) ou non, mais de combien», a indiqué Alicia Modestino, professeure d’économie à la Northeastern University de Boston.
Pronostics serrés
Les responsables de la Fed opteront-ils pour une baisse modérée d’un quart de point de pourcentage ou frapperont-ils un grand coup, avec un demi-point directement? Les pronostics sont serrés parmi les acteurs du marché, mais la balance penche légèrement du côté du quart de point, selon les prévisions de CME Group. «Le marché du travail refroidit sans s’effondrer, le consommateur reste résilient et l’inflation ralentit, mais il est probablement trop tôt pour déclarer que la mission est accomplie», résume Nancy Vanden Houten.
«La Fed se préoccupe désormais plus du marché du travail, mais l’inflation reste importante», relève-t-elle encore. Les données récentes «ont été légèrement décevantes et montrent que l’inflation a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre l’objectif de 2 %», considéré comme sain pour l’économie.
L’inflation, qui grève depuis 2021 le pouvoir d’achat des ménages américains, rentre progressivement dans les clous. L’indice privilégié par la Fed, le PCE, était resté stable en juillet, à 2,5 % sur un an, et les données d’août seront publiées le 27 septembre. L’indice CPI est, lui, tombé à 2,5 % en août sur un an, contre 2,9 % en juillet, son plus bas niveau depuis février 2021. Mais la mesure sous-jacente – qui exclut l’énergie et l’alimentation – a rebondi sur un mois. La Maison-Blanche a de son côté assuré que le pays tournait «la page de l’inflation».
Dernière réunion avant l’élection
Alicia Modestino, elle aussi, s’attend à une «petite baisse» seulement. Car «l’autre côté du tableau, évidemment, est l’emploi», avec une «tendance au ralentissement». Mais «nous ne sommes pas encore dans la zone dangereuse», souligne-t-elle, «rien ne justifie donc une variation importante des taux d’intérêt maintenant». En outre, selon Gregory Daco, chef économiste pour EY, qui table également sur un quart de point, «une baisse plus importante équivaudrait à un aveu implicite que la Fed a commis une erreur en n’assouplissant pas sa politique en juillet».
La Banque centrale européenne (BCE), qui avait lancé le mouvement en juin, a de nouveau abaissé ses taux jeudi, d’un quart de point. Demain et mercredi, les responsables de la Fed diront jusqu’où ils pensent abaisser les taux et actualiseront leurs prévisions en matière d’inflation, de PIB et de chômage. Cette réunion de la Federal Reserve sera également la dernière avant l’élection américaine du 5 novembre, qui opposera l’ancien président républicain Donald Trump à la vice-présidente démocrate, Kamala Harris.
Au moins la FED agit pour son pays. La BCE, quant à elle ne peut agir correctement pour une vingntaine de pays dont les économies sont si différentes.