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La digitalisation, « pour accroître la performance de notre économie »


"Parce qu'une économie performante est capable de créer des valeurs ajoutées brutes élevées", estime André Bauler. (Photo Julien Garroy)

André Bauler (DP) est le rapporteur du budget de l’État. Il a choisi l’angle de la digitalisation pour l’aborder, avec les chances et les opportunités qu’elle offre mais aussi les risques qu’elle présente.

Pourquoi avoir choisi l’angle de la digitalisation pour votre rapport sur le budget de l’État ?

Pour être très précis, l’angle de la transformation numérique. On remarque que l’on entre dans une phase plus rapide de ce processus et dans le cadre du budget il faut voir dans quelle mesure l’État commence à mettre les accents pour accompagner mieux encore cette transformation sur différents niveaux. C’est un sujet transversal, multisectoriel, qui concerne toutes les couches de la société et de l’économie. Il faut bien sûr parler des dangers et des risques que constituent la cybersécurité, la cybercriminalité et les attaques organisées qui se font souvent depuis l’étranger.

Et il y a les chances, les opportunités qu’offre la transformation numérique. Comme l’a dit un professeur du lycée des Arts et Métiers où l’on forme des jeunes au BTS : « C’est l’informatique qui doit servir l’homme et pas le contraire. » J’ai choisi ce thème pour voir comment la digitalisation pourra nous guider dans les années à venir afin de mieux organiser notre mobilité, assurer une médecine plus personnalisée et voir dans quelle mesure l’État peut accompagner ces changements à travers son budget.

Le Luxembourg a-t-il un retard à rattraper en matière de transformation numérique?

Nous avons nos forces, nos potentiels, car en matière d’infrastructures le pays est bien positionné. Nous avons un retard à rattraper en ce qui concerne la 5G où il faut encore mieux se positionner et il y aura des projets pilotes pour mieux aborder cette nouvelle ère, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain. Nous avons déjà un bon point de départ en matière de connectivité et le Luxembourg figure parmi les pays européens les mieux connectés. On accumule aussi des retards, c’est vrai, tout d’abord au niveau des PME dont certaines sont mal positionnées et ne gèrent que le minimum par ordinateur avec seulement une adresse électronique.

On remarque toutefois que la grande majorité des machines artisanales et industrielles font déjà l’objet d’une transformation numérique. Certains profils professionnels vont disparaître, mais d’autres vont voir le jour. La digitalisation est là pour accroître la performance de notre économie parce qu’une économie performante est capable de créer des valeurs ajoutées brutes élevées.

La Cour des comptes comme la Chambre de commerce, pour ne citer qu’elles, évoquent un budget ambitieux, voire optimiste. Dans le même temps, le gouvernement promet une réforme fiscale qui ne fera pas de perdants et l’administration des Contributions a des doutes… Vous aussi ?

Cette réforme n’est pas encore élaborée. Nous la découvrirons un beau jour au sein de la commission des Finances et du Budget. Il est donc difficile d’en dire davantage, je n’en connais pas les détails sinon ce que l’on sait déjà, par exemple l’introduction d’un barème unique. De toute façon, il faut se poser la question de savoir si nous pouvons nous payer toutes les dépenses que nous voulons.

Nos budgets sociaux ne sont pas exagérés par rapport aux autres pays, mais il faut toujours procéder avec vigilance. Nous créons des dépenses récurrentes, c’est clair, mais il faut les placer dans un cadre plus large avec trois objectifs : assurer l’attractivité du site de production luxembourgeois, qui est le garant du financement de la cohésion sociale, être innovant pour écrire des histoires de succès, et penser durabilité. On tourne autour de ce triangle vertueux.

Entretien avec Geneviève Montaigu

L’interview d’André Bauler, à lire en intégralité ce jour dans Le Quotidien papier