Le nombre de personnes demandant des allocations chômage reste à un niveau extraordinairement élevé aux Etats-Unis, illustrant une lente reprise du marché du travail contrariée par la résurgence de la pandémie de Covid-19 dans certains Etats du pays.
A 1,48 million la semaine dernière, les demandes de prestations chômage sont loin des quelque 7 millions enregistrées fin mars mais elles demeurent bien supérieures aux niveaux d’avant la crise sanitaire quand le taux de chômage était à son plus bas niveau depuis 50 ans, selon les données du Département du travail. Ce nombre est aussi supérieur aux attentes des analystes qui tablaient sur 1,25 million. Signe que de nombreuses entreprises continuent d’être en grande difficulté malgré la réouverture de l’économie depuis quelques semaines, Macy’s a annoncé jeudi la suppression de 3.900 emplois notamment dans la direction. « Nous prévoyons une reprise progressive de notre activité et nous prenons des mesures pour adapter nos coûts en fonction des ventes qui seront plus faibles », s’est justifié Jeff Gennette, le PDG de ce grand magasin, dans un communiqué. Depuis la mi-mars, quand les mesures de confinement ont commencé à être mises en place et l’activité a été paralysée par la fermeture des commerces non essentiels et la restriction des voyages, ce sont plus de 47,2 millions de nouvelles demandes d’allocations qui ont été comptabilisées. « Les dernières données des demandes d’allocations chômage brossent un tableau d’un marché du travail dans la tourmente », a résumé Nancy Vanden Houten, économiste chez Oxford economics dans une note. « Les demandes initiales n’ont diminué que légèrement par rapport à la semaine dernière, nous rappelant que les licenciements dans certaines régions restent répandus », a-t-elle commenté.
Le problème des petites entreprises
Pourtant l’économie américaine émet des signaux positifs depuis mai. Ainsi, les commandes de biens durables aux Etats-Unis ont bondi de 15,8% le mois dernier, grâce à la performance des équipements de transport, selon les données publiées jeudi par le département du Commerce. Mais une reprise économique « vigoureuse » aux Etats-Unis sera « inextricablement liée » à celle du secteur des petites entreprises, prévient le cabinet IHS Markit dans un nouveau rapport. « Le nombre de petites entreprises qui pourront rouvrir et reprendre pied sera la clé d’un rebond économique, en raison du rôle essentiel que jouent les petites entreprises en termes d’emplois et de moteur de la croissance économique », a souligné Ben Herzon, économiste chez IHS Markit. Pour l’heure, ce sont précisément celles qui ont été le plus affectées par la crise. Nombre de restaurants et de magasins ne sont pas sûrs de pouvoir rouvrir en dépit des aides du gouvernement. Et l’incertitude sur leur capacité d’embaucher est d’autant plus grande que le nouveau coronavirus n’est pas maîtrisé. Avec des records de cas, une hausse des hospitalisations, le Sud des Etats-Unis, de la Floride à la Californie, est devenu le point chaud de l’épidémie de coronavirus, entraînant le retour des restrictions. Le nombre de nouvelles infections quotidiennes s’est ainsi rapproché mercredi de ses niveaux record, avec près de 36.000 cas en 24 heures.
La pandémie a fait plus de 120.000 morts et près de 2,4 millions de cas détectés. En 2019, il y avait 10 millions d’entreprises de moins de 50 employés, représentant 44% de l’emploi total dans le secteur privé, rappelle IHS Markit. Et ce sont les PME qui ont joué « un rôle clé dans la longue expansion économique entre 2009 et 2019, lorsque 1,1 million de nouvelles petites entreprises ont été créées », ajoute-t-il. Signe que la crise économique provoquée par la pandémie est plus sévère que prévu, le PIB du premier trimestre a été une nouvelle fois révisée en baisse à -5% contre -4,8% estimé précédemment, a indiqué le département du Commerce. Tous les économistes s’attendent à un deuxième trimestre catastrophique avec une contraction du PIB à deux chiffres. Le Fonds monétaire international tablait sur une récession de 8% cette année aux Etats-Unis. Selon lui, la reprise s’annonce progressive avec une projection de croissance de 4,5% en 2021.
AFP