La City de Londres pourrait assouplir certaines de ses règles pour attirer davantage d’entreprises en Bourse et répondre à la concurrence européenne avec le Brexit, plaide mercredi un rapport commandé par le gouvernement.
Le ministre des Finances Rishi Sunak, qui doit présenter à la mi-journée le budget du gouvernement et qui avait confié cette mission sur la City à l’ancien commissaire européen aux services financiers Jonathan Hill, va examiner rapidement ses propositions, selon un communiqué du Trésor.
Le rapport recommande notamment d’assouplir les règles de cotations, afin d’attirer plus facilement des jeunes entreprises technologiques et de permettre à leurs fondateurs de garder un contrôle plus étroit sur leurs sociétés, via notamment un système à deux types d’actions.
Il demande également d’abaisser à 15% le niveau de capital minimum qui doit être placé sur le marché lors d’une introduction en Bourse, contre 25% actuellement, et de libéraliser les règles sur les SPACs, des véhicules financiers ad hoc qui s’introduisent sur le marché avec pour objectif d’acquérir des entreprises.
L’objectif est de renforcer la compétitivité de la place financière de Londres, durement concurrencée par New York, l’Asie et par les places européennes qui profitent du Brexit.
En quittant le marché unique, la City a perdu son « passeport » européen qui permettait aux firmes financières britanniques de travailler pour des clients partout dans l’UE.
La City a déjà perdu de notables parts de marché
Bruxelles, qui craint un dumping sur la régulation de la part de Londres, traîne des pieds pour accorder une série d’équivalences spécialisées qui permettraient aux sociétés financières britanniques d’opérer dans l’UE.
À cause de ces complications, en deux mois, la City a déjà perdu de notables parts de marché. Amsterdam a même doublé Londres en janvier pour le courtage d’actions européennes.
« Le transfert d’activité vers Amsterdam prouve que nous faisons face à une rude concurrence comme centre financier pas seulement des Etats-Unis ou de l’Asie, mais d’Europe », selon le rapport britannique.
Le constat est sévère, rappelant que la perte d’influence remonte à plusieurs années déjà, avec une chute de 40% du nombre de sociétés cotées à Londres depuis 2008.
En outre, les grands indices londonien sont peuplés de groupes financiers ou d’entreprises représentant « l’ancien monde », selon le rapport.
Ce dernier note que le marché des SPACS est « en sommeil » à Londres alors qu’il est en plein essor aux Etats-Unis et à Amsterdam où ils deviennent des alternatives aux introductions en Bourse classiques: seuls 4 SPACs sont entrés sur le marché londonien en 2020, contre 248 aux Etats-Unis.
Jonathan Hill a toutefois écarté toute volonté de vouloir déréguler à tout-va.
« Les recommandations ne consistent pas à nous démarquer en proposant des mesures radicales » et « elle sont cohérentes avec les pratiques qui existent dans des centres financiers bien régulés aux Etats-Unis en Asie et en Europe », selon lui.
AFP/LQ