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La Chine électrise le marché automobile


Li Auto et ses SUV électriques.

Les constructeurs chinois pénètrent des marchés allant de l’Europe à l’Asie du Sud-Est, à l’instar du géant de l’électronique Xiaomi qui commercialise son premier véhicule.

Pékin dépasse de loin le reste du monde. Elon Musk, le patron du constructeur américain Tesla, avait estimé en janvier que les Chinois étaient «les plus compétitifs au monde». Sur l’ensemble des nouveaux véhicules électriques vendus en décembre dernier, 69 % l’ont été en Chine, selon Rystad Energy.

Et sur ses prévisions de 17,5 millions de ventes de VE cette année, Rystad s’attend à ce que la Chine en représente 11,5 millions, soit 65 %.

La montée en puissance spectaculaire de ces constructeurs a alimenté le défi posé par Pékin aux puissances automobiles traditionnelles : l’année dernière par exemple, la Chine a dépassé le Japon comme premier exportateur mondial de voitures. BYD – «Biyadi» en chinois et acronyme de Build Your Dreams (Construisez vos rêves) – est le principal constructeur en Chine sur ce créneau de l’électrique.

À sa création en 1995, il était spécialisé dans la conception et la fabrication de batteries, avant de devenir le champion incontesté en Chine et le principal concurrent de Tesla. BYD est par ailleurs devenu l’an dernier le premier constructeur au monde à franchir le cap symbolique des cinq millions de véhicules électriques produits. Au quatrième trimestre 2023, il a ravi à l’américain Tesla le titre de plus gros vendeur mondial.

BYD bénéficie d’avantages en termes de coûts grâce à ses fortes capacités dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques, en particulier dans le domaine du stockage de l’énergie. De nombreux géants automobiles étrangers, dont Tesla et BMW, dépendent d’ailleurs de BYD pour leurs batteries.

Sur les 129 marques chinoises de voitures électriques, seules vingt sont parvenues à atteindre une part de marché national égale ou supérieure à 1 %, selon des données compilées par Bloomberg. BYD en détient presque 33 %, et Tesla suit loin derrière, avec plus de 8 %, selon ces données. À la troisième place, avec 5,8 % du marché, vient Wuling, qui fabrique le modèle électrique le plus vendu en Chine à ce jour, une petite voiture à deux portes baptisée Hongguang Mini. Dans le peloton figurent aussi Geely et le constructeur de SUV électriques Li Auto, ainsi que XPeng et NIO.

Les offres destinées aux clients chinois sont tout aussi variées que ces acteurs : des autobus aux berlines et roadsters de luxe, en passant par les citadines d’entrée et de milieu de gamme. Mais les géants chinois de la technologie veulent aussi une part du gâteau des voitures électriques, un marché qui se chiffre en milliards de dollars.

Les Occidentaux s’inquiètent

Huawei, objet de sanctions américaines en raison de ses liens présumés avec les agences de sécurité chinoises, a développé ces dernières années des voitures électriques faisant largement appel aux technologies développées par le groupe. Le géant chinois de l’internet Baidu travaille également sur un modèle, en mettant l’accent sur la conduite autonome. Et hier, Xiaomi, le troisième fabricant mondial de smartphones, est entré dans la danse.

L’abondance de modèles proposés par des fabricants ayant investi des sommes considérables pendant des années a entraîné une guerre des prix en Chine. Selon des analystes, le processus de consolidation du marché devrait néanmoins se poursuivre à mesure que certaines entreprises feront faillite, fusionneront ou chercheront des acheteurs pour leurs technologies et leurs actifs.

En outre, les subventions à l’achat ont été progressivement supprimées par l’État, après un important soutien ayant favorisé la croissance du secteur.

L’essor fulgurant de l’industrie chinoise des véhicules électriques a suscité des inquiétudes à Bruxelles et à Washington, concernant notamment les subventions chinoises aux voitures électriques. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé en septembre dernier l’ouverture d’une enquête sur ce sujet, s’engageant à défendre l’industrie européenne contre une concurrence déloyale.

Pékin, de son côté, a porté plainte cette semaine auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les subventions accordées par les États-Unis au secteur américain des véhicules à énergies nouvelles, accusant Washington de concurrence déloyale.

Outre les constructeurs automobiles, le groupe chinois CATL domine le marché mondial des batteries pour véhicules électriques et fournit des poids lourds tels que Tesla, Volkswagen et Toyota.