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La Chine continue d’agiter les marchés financiers


Un investisseur près d'un tableau électronique de cotations dans une société de Bourse de Shanghai le 1er septembre 2015 (Photo AFP)

La Bourse de Shanghai a connu un nouvel accès de fièvre mercredi, à l’instar des autres places asiatiques qui s’alarment des signes supplémentaires d’essoufflement de la deuxième économie mondiale, jugés de très mauvais augure pour la croissance mondiale.

La place chinoise a plongé de 4,39% à l’ouverture, dans la foulée d’une nouvelle journée de repli des marchés financiers internationaux, tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Elle s’est cependant reprise au cours d’une séance volatile, terminant en toute petite baisse de 0,20%, tandis que Londres, Paris et Francfort ouvraient en hausse.

La Bourse de Shenzhen a quant à elle clôturé en baisse de 1,98%.

De son côté, le dollar australien (dont la valeur dépend fortement des énormes ressources minières de l’Australie) frôlait des plus bas de six ans. Canberra annonçait une croissance plus ralentie que prévu au deuxième trimestre, de 0,2% en glissement trimestriel, alors que la Chine est son premier partenaire commercial.

Le Canada est lui officiellement entré en récession, en raison du coup de frein brutal subi par son secteur pétrolier, victime de l’effondrement des cours de l’or noir.

L’Australie et le Canada sont fortement dépendants de leurs exportations de matières premières, telles que le minerai de fer, qui ont alimenté la croissance chinoise au cours de la dernière décennie.

Venant charger la barque des investisseurs après un mois d’août des plus éprouvants pour les Bourses mondiales, les incertitudes persistaient sur les intentions de la Réserve fédérale américaine (Fed) quant à une éventuelle hausse des taux d’intérêt dès septembre.

En effet, un resserrement de la politique monétaire américaine pourrait assombrir encore les perspectives économiques.

«Il y a les inquiétudes sur la croissance mondiale, attisées par les préoccupations sur la Chine, à un moment où la Fed songeait à relever ses taux d’intérêt, ce qui rend les investisseurs très nerveux», a déclaré à l’agence financière Bloomberg News Shane Oliver, analyste chez AMP Capital Investors. «Je crois que le pire est passé mais la volatilité va perdurer».

Mieux communiquer

Mardi, de nouvelles statistiques officielles sont venues confirmer le ralentissement de la Chine, deuxième économie mondiale.

Son activité manufacturière, pilier traditionnel de sa croissance, s’est nettement contractée en août. Deux indicateurs, l’indice PMI des directeurs d’achats du Bureau national des statistiques (BNS) et celui du cabinet Markit, ont montré qu’elle était clairement en repli.

Si les marchés financiers chinois sont dans l’ensemble déconnectés de l’économie réelle, la Chine, qui représente 13% du PIB mondial, reste un moteur pour l’économie globale. Et de nombreux analystes se demandent si Pékin va réussir sa transition vers un modèle plus durable, davantage porté sur la consommation et les services après des années de croissance à deux chiffres.

La Chine dispose, avec sa population d’1,3 milliard d’habitants, d’un gigantesque marché sous-exploité mais les experts s’interrogent sur la capacité des autorités communistes à mener les changements nécessaires. Les Etats-Unis, dont la reprise après la crise financière globale de 2008 est loin d’être solidement établie, vont appeler Pékin à mieux communiquer sur ses décisions lors d’une réunion du G20 en Turquie cette semaine.

Le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew «soulignera» à cette occasion le fait «que, essentiellement, le monde a besoin de davantage de demande», a déclaré un responsable américain.

Perte de confiance

Tentant de stabiliser la Bourse, les autorités chinoises ont apparemment repris ces derniers jours leurs achats de titres dans de grands groupes cotés, après être déjà intervenues massivement depuis deux mois sur les marchés, soulignait Wu Kan, gestionnaire de fonds chez JK Life Insurance à Shanghai.

«Mais les investisseurs perdent quand même confiance», alors que les boursicoteurs endettés se trouvent obligés de quitter le marché et que «la chute des places financières mondiales assombrit leur moral», prévenait-il.

L’angoisse des marchés chinois a rejailli sur les autres places asiatiques. Hong Kong perdait près de 1% en fin de journée. Tokyo a fini en baisse de 0,39% après une séance en dents de scie.

A Sydney, où sont côtées de nombreuses entreprises entretenant des liens étroits avec la Chine, l’indice principal a passé la majeure partie de la séance dans le rouge avant de terminer à +0,1%.

En dépit de ces difficultés, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a jugé mercredi à Jakarta que les économies asiatiques réussissaient «plutôt bien», ajoutant que la région allait rester un facteur clé pour la croissance mondiale.

La veille, Mme Lagarde avait averti que la croissance mondiale serait «probablement plus faible» en 2015 que les 3,3% prévus par le Fonds.

AFP/M.R