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La Chambre de commerce s’inquiète toujours


(Photo : archives lq)

La Chambre de commerce demande une réforme du modèle social luxembourgeois pour permettre au pays de retrouver un équilibre budgétaire.

La Chambre de commerce a publié son avis sur le budget de l’État pour l’année 2024. Même s’il faudra attendre l’année prochaine pour avoir un document reflétant pleinement les ambitions du nouveau gouvernement, le document a été examiné de près par la Chambre de commerce.

Et il y a quelques sources d’inquiétude qui sont apparues et qui ont été évoquées lundi lors d’une conférence de presse. Ainsi, le budget a été établi sur une hypothèse de croissance du PIB de 2 % pour 2024, suivie d’une accélération en 2025 et 2026.

Pour la Chambre de commerce, cette hypothèse de croissance à 2 % en 2024  est «relativement optimiste» alors que le pays affiche une véritable «panne de croissance » depuis maintenant plusieurs années selon elle.

Les experts de la Chambre ont regardé de près dans le document budgétaire le scénario défavorable évoqué avec une croissance inférieure de 0,5 point de pourcentage par rapport à l’hypothèse retenue.

Ce scénario illustre que «la dégradation du solde budgétaire et l’envolée de la dette peuvent devenir rapidement insoutenables et menacer la stabilité et la prévisibilité tant choyées des finances publiques du pays». Le gouvernement marche donc sur des œufs.

Un effet ciseaux s’est aussi véritablement enclenché au Luxembourg à partir de 2022, selon la Chambre de commerce : «Depuis cette date, les dépenses de l’administration centrale progressent en effet plus vite que les recettes, entraînant une dégradation du solde, et donc, par voie de conséquence, un accroissement de l’endettement».

Et cet effet ciseaux existera toujours en 2024 : les dépenses de l’administration centrale devraient progresser de 7,6 %, alors que la progression des recettes est estimée à «seulement» 7,1 %. Résultat : le solde de l’administration centrale plonge à -1,9 milliard d’euros, énumère le communiqué de l’institution.

Ce dérapage est lié, selon la Chambre, au coût des différents paquets de mesures adoptés pour lutter contre les effets de l’inflation. Mais «si le poids de ces mesures est réel», la Chambre de commerce estime toutefois qu’elles «manquent parfois de sélectivité et d’efficience».

La progression rapide des dépenses est aussi liée à un manque de maîtrise des dépenses courantes de l’État selon elle, en particulier des dépenses de personnel. Les cinq tranches indiciaires ont fait leur effet… La Chambre de commerce a salué la volonté du gouvernement de refermer ce ciseau dès 2025, même si les initiatives sont jugées timides.

Un modèle social plus «tenable»

La Chambre de commerce, dans son analyse, n’a pas hésité à demander une réforme du modèle social. Selon elle, le système n’est plus «tenable» quand on observe le solde de l’administration centrale et des administrations de sécurité sociale.

Les conséquences du vieillissement de la population sont déjà lisibles dans la documentation budgétaire. «Plus que jamais, une réforme du système de pensions, mais aussi une modernisation de l’assurance maladie, sont nécessaires et urgentes pour garantir la pérennité du modèle social luxembourgeois», estime Carlo Thelen, le directeur général de la Chambre de commerce.

La dégradation du solde de l’administration centrale provoque une hausse de la dette publique qui inquiète la Chambre de commerce. Le seuil des 30 % du PIB pourrait être dépassé dans le cas d’une croissance moins soutenue qu’envisagée (-0,5 point de pourcentage), estime-t-elle, et remettre en cause le triple A luxembourgeois. Ce seuil des 30 % ne doit pas être dépassé.

À la lecture de la programmation financière pluriannuelle, la Chambre de commerce a noté néanmoins avec satisfaction que le gouvernement affiche «la volonté de corriger la trajectoire budgétaire du pays pour inverser l’effet ciseaux et maîtriser l’endettement».

Elle appelle à un sursaut pour la compétitivité du pays qui décline depuis des années. Selon elle, le gouvernement a déjà envoyé des signaux positifs «en matière de fiscalité des entreprises notamment» et appelle à une maîtrise des dépenses courantes de l’État. Reste que la Chambre attend des actes après les promesses.