La Banque centrale européenne ne doit pas « fermer la porte à une nouvelle hausse » des taux d’intérêt sur le chemin potentiellement instable pour ramener l’inflation à 2% d’ici 2025, selon une membre du directoire.
À 2,9% sur un an en octobre, l’inflation en zone euro a nettement baissé en douze mois, quand elle dépassait la barre des 10% à mois comparable il y a un an.
Une évolution à mettre à l’actif de la baisse des prix de l’énergie et du choc monétaire de la BCE qui a relevé à dix reprises ses taux directeurs depuis juillet 2022, finissant par s’accorder une pause la semaine dernière, en les laissant inchangés.
Mais « après une longue période d’inflation élevée, les anticipations d’inflation sont fragiles et de nouveaux chocs du côté de l’offre peuvent les déstabiliser, menaçant la stabilité des prix à moyen terme », a déclaré Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, dans un discours prononcé jeudi soir à Saint-Louis (États-Unis).
« Cela signifie également que nous ne pouvons pas fermer la porte à de nouvelles hausses de taux », a ajouté la banquière centrale allemande connue pour ses positions restrictives en matière de politique monétaire.
Il faut s’attendre à ce que le taux d’inflation « revienne à notre objectif (de 2%) d’ici 2025 », tout en sachant que « le processus de désinflation au cours du dernier kilomètre sera plus incertain, plus lent et plus cahoteux », selon Schnabel.
Si les prix d’énergie se remettent en particulier à augmenter au rythme dernièrement observé, ils devraient « ajouter près de 1,9 point de pourcentage à l’inflation globale de la zone euro d’ici juillet 2024 », selon Schnabel.
La guerre entre Israël et le Hamas ou des événements tels que la récente fuite d’un gazoduc en mer Baltique sont susceptibles de déclencher des chocs aggravant l’inflation.
L’évolution des salaires est encore surveillée de près. Les accords salariaux récemment signés « pointent vers une forte croissance des salaires à un moment où l’inflation est déjà en baisse », observe la banquière.
Pour éviter que des effets inflationnistes en résultent, la BCE part du principe que les entreprises vont utiliser leurs marges bénéficiaires comme « tampon » pour limiter la répercussion des fortes augmentations de salaires actuelles sur les prix à la consommation.