La Banque mondiale a lancé un programme d’actions ciblant les pays actuellement rongés par les conflits et la violence en particulier en Afrique, au Moyen Orient et en Afrique du Nord, devenus des foyers d’une pauvreté extrême galopante.
Il y a urgence à agir car des décennies de progrès en matière de lutte contre la pauvreté sont désormais menacées dans ces pays dont l’exode des populations fragilisent aussi les pays voisins, constate l’institution dans un rapport publié jeudi baptisé « Stratégie pour la fragilité, le conflit et la violence ».
« Notre message est clair : la pauvreté augmente dans ces pays là, nous allons apporter plus de financements mais aussi accroître notre efficacité sur le terrain et essayer d’avoir une approche plus nuancée et plus appropriée en fonction des types de fragilité propre à chaque pays », a expliqué Franck Bousquet, directeur principal de ce programme stratégique. « La Stratégie permet de mettre en place un programme d’actions visant à augmenter notre efficacité sur le terrain au travers quatre différents volets » en mettant notamment plus de personnel sur le terrain, a-t-il poursuivi.
Ce plan, d’une durée de 5 ans, va de paire avec « un accroissement important de nos financements (dédiés à cette problématique) de l’ordre de 18,7 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 30% dans ces pays là », relève-t-il. Au cours des trois dernières décennies, les conflits violents se sont exacerbés de manière telle qu’ils drainent 80% des besoins humanitaires, constate la Banque mondiale. Plus de 70 millions de personnes ont été « déplacées » portant le nombre de réfugiés à près de 26 millions, a-t-elle souligné.
Agir avant 2030
Si rien est fait, d’ici 2030, jusqu’aux deux tiers des personnes extrêmement pauvres dans le monde vivront dans des pays fragiles et touchés par des conflits. C’est cette tendance que la Stratégie veut inverser. Ce programme vise non seulement les pays à faibles revenus mais encore ceux à revenus moyens. « Les situations fragiles et touchées par les conflits pèsent lourdement sur le capital humain, créant des cycles vicieux qui réduisent la productivité et les revenus des personnes », soulignent les auteurs du rapport.
Une personne sur cinq dans ces pays est privée d’argent, d’éducation et d’infrastructures de base simultanément. Et la Banque ajoute qu’elle veut continuer à fournir des ressources y compris pendant la durée du conflit.
L’un des enjeux pour la Banque mondiale est d’intervenir le plus tôt possible et « non pas quand il y aura un accord de paix ou de reconstruction », a commenté Franck Bousquet. « Nous travaillons aussi sur la prévention des conflits violents en aidant les États car nous savons qu’1 dollar investi dans la prévention permet de sauver 16 dollars par la suite », a-t-il enfin pointé.
LQ/AFP