Assaillie par les scandales, la première banque américaine reconnaît ses erreurs et s’engage à modifier ses pratiques, dans un rapport publié hier.
« Chaque entreprise commet des erreurs et nous en avons fait pas mal » reconnaît la banque américaine. (Photo : AFP)
La banque vient de publier un rapport d’une centaine de pages sur ses pratiques (« How we do business ») comme le réclamait l’ICCR (Interfaith Center on Corporate Responsibility), association militant pour des pratiques éthiques au sein des grandes entreprises américaines. « La première chose à faire pour avancer est de reconnaître nos erreurs », écrit JPMorgan à qui l’ICCR demandait la séparation des positions de président du conseil d’administration et de directeur général pour plus de contre-pouvoirs. « Dans certains cas, nos contrôles ont été un peu légers et dans d’autres nous n’avons tout simplement pas été à la hauteur de nos principes. Nous savons que nous pouvons mieux faire et nous nous y engageons », ajoute la première banque américaine par actifs. Depuis trois ans, JPMorgan a été secoué par une série de scandales. La banque a notamment écopé d’une amende de 13 milliards de dollars pour ses errements dans les prêts hypothécaires «subprime» à l’origine de la crise. Elle a été accusée de négligences dans ses contrôles internes, une question révélée au grand jour par l’affaire dite de la «Baleine de Londres», surnom donné au trader français Bruno Iksil qui avait pris des positions risquées dans les dérivés de crédit. Résultat : 6,2 milliards de dollars évaporés sans compter les pénalités financières infligées ensuite par les régulateurs. Le PDG Jamie Dimon en avait payé le prix avec une division par deux de son salaire.
> Des bonus ne seront pas versés
JPMorgan fait encore l’objet de nombreuses investigations : manipulations supposées du taux d’intérêt Libor et du marché des changes, ses pratiques d’embauche en Chine où la banque est suspectée d’avoir recruté des enfants d’influents responsables chinois afin de décrocher des contrats dans ce pays. « Chaque entreprise commet des erreurs et nous en avons fait pas mal mais la marque d’une grande entreprise est ce qu’elle fait pour les corriger », plaide Jamie Dimon dans le rapport. JPMorgan promet des changements « nécessaires » dont un renforcement de ses contrôles et de ses procédures de gestion des risques. La banque promet également un durcissement des dispositifs de « bonne gouvernance ». Les banquiers et traders indélicats verront une partie de leur rémunération (bonus, salaires, stock-options…) non versée. Pour les sommes déjà perçues, elles devront être restituées. Dans le cadre de la Baleine de Londres, JPMorgan dit avoir ainsi recoupé plus de 100 millions de dollars versés ou promis aux banquiers et traders impliqués.
Elle ne dit pas en revanche si les cambistes montrés du doigt dans l’affaire des manipulations des taux de changes vont subir des sanctions financières du même ordre. JPMorgan a accepté de payer une amende de 1,013 milliard de dollars en novembre pour solder certaines poursuites dans cette affaire. « Nous nous réservons le droit de réduire les primes promises cette année », s’engage l’établissement sans autre détail. Désormais, les hauts banquiers de l’établissement sont contraints de détenir entre 200 000 et 400 000 actions de l’entreprise tandis que le PDG doit en posséder au moins 1 million, une façon de partager les pertes. Ils se donnent six ans pour se conformer. JPMorgan promet d’être « transparente » avec les régulateurs à travers le monde. Depuis l’an dernier, des responsables de la banque ont eu plus de 1 300 réunions avec des autorités règlementaires, apprend-on dans le rapport.
> Deux nouvelles cibles identifiées
« Il y a une reconnaissance qu’il y avait besoin de changer de culture », se réjouit Séamus Finn de l’ICCR, qui pèse pour plus de 100 milliards de dollars d’actifs. Il estime que cette « introspection » peut être « un premier pas pour restaurer la confiance entre Main Street (les gens ordinaires) et Wall Street (la finance) ». JPMorgan est le deuxième fleuron de Wall Street après Goldman Sachs à intégrer des recommandations de l’ICCR, dont les nouvelles cibles sont Bank of America et Wells Fargo. « Nous travaillons avec d’autres institutions financières et espérons qu’elles vont emboîter le pas », dit Séamus Finn.
AFP