Jack Ma, le plus emblématique des milliardaires chinois, va voir ses poches se gonfler encore avec l’introduction en Bourse d’Ant Group, nouveau record au palmarès de ce jeune retraité à la carrière météorique.
L’ancien professeur d’anglais, qui possède 8,8% du capital d’Ant Group, devrait voir sa fortune grimper à 71,1 milliards de dollars (61 milliards d’euros) dans la foulée de l’entrée en Bourse du mastodonte du paiement en ligne, la plus grosse de tous les temps (plus de 34 milliards de dollars). Il atteindrait ainsi la 11e place du classement mondial des milliardaires calculé par l’agence financière Bloomberg, doublant notamment l’héritière de L’Oréal, Françoise Bettencourt Meyer.
La retraite réussit au natif de Hangzhou : lorsqu’il a annoncé il y a deux ans qui allait quitter la direction d’Alibaba, il n’était encore que la 19e fortune mondiale, avec 40 milliards de dollars. Mais ses investissements dans le secteur du commerce électronique, dans un pays où l’argent liquide est en voie de disparition, n’ont fait que prendre de la valeur ces dernières années, particulièrement avec l’épidémie de coronavirus qui a fait exploser les achats en ligne.
Jack Ma, 56 ans, a eu la prescience de cette évolution en cofondant Alibaba en 1999. Les médias chinois racontent à l’envi les débuts : son ascension à partir d’un milieu pauvre, un père peinant à faire vivre sa famille, un bac raté deux fois, les petits boulots, jusqu’à la création d’Alibaba dans un appartement de Hangzhou, avec 60 000 dollars empruntés à des amis.
Jack Ma (Ma Yun de son nom chinois) avait décidé d’abandonner son métier d’enseignant à l’université après avoir découvert internet lors d’un voyage aux États-Unis et saisi la possibilité offerte aux entreprises d’échanger leurs biens en ligne. De même, il comprend vite le potentiel des smartphones : avec son service Alipay, il sera le pionnier du paiement électronique mobile. Ces intuitions lui valent une réputation de visionnaire.
Du PCC à Michael Jackson
« La première fois que j’ai utilisé internet, j’ai tapé sur le clavier et je me suis dit : Voici quelque chose (…) qui va changer le monde et la Chine », avait-il déclaré à la chaîne américaine CNN. En 2006, le décollage de la plateforme d’e-commerce d’Alibaba, Taobao, oblige l’américain eBay à se retirer du marché chinois, laissant la voie libre à son rival.
Les excentricités de Jack Ma, qui cultive parfois une certaine ressemblance avec E.T., détonnent dans l’univers corseté des entrepreneurs chinois : en 2017, il s’était grimé en Michael Jackson lors d’un gala d’entreprise…
Il n’en est pas moins membre du très austère Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.
De Davos à Wall Street, il côtoie les grands de ce monde et promet à Donald Trump de créer 1 million d’emplois aux États-Unis en janvier 2017, alors que le milliardaire américain s’apprête à entrer à la Maison Blanche. Il retirera sa promesse plus tard, invoquant la guerre commerciale lancée par le président américain contre son pays.
L’introduction en Bourse d’Ant Group à Hong Kong et Shanghai permet à cet enfant de Jack Ma de battre un nouveau record, après celui d’Alibaba à Wall Street en 2014 (25 milliards de dollars), détrôné l’an dernier par le saoudien Aramaco (29,4 milliards).
En septembre 2018, Jack Ma annonce qu’il prendra sa retraite un an plus tard, le jour de ses 55 ans. Il entend se consacrer à des œuvres de philanthropie dans l’éducation, à l’instar d’un de ses modèles, le fondateur de Microsoft Bill Gates. Superstitieux sur les bords, le milliardaire a un faible pour le chiffre 8, synonyme de fortune en cantonais. Tout retraité qu’il est, il n’est peut-être pas pour rien dans la mise à prix de l’action Ant : 80 dollars HK à Hong Kong et 68,80 yuans à Shanghai…
LQ/AFP