Afin de mieux appréhender les transformations de l’industrie automobile, la société Delphi a annoncé, mercredi, son intention de se séparer de sa division Powertrain Systems.
La division «Powertrain Systems», c’est-à-dire le pôle transmission, dont le siège international se trouve au Luxembourg, va devenir une société à part entière d’ici l’année prochaine. Une décision qui risque d’avoir des conséquences sur les résultats de Delphi, dans la mesure où la division Powertrain a généré en 2016 près de 4,5 milliards de dollars de revenus et une marge opérationnelle de plus de 15%. Pour rappel, Delphi avait affiché l’année dernière un chiffre d’affaires de plus de 16 milliards de dollars.
«La séparation devra se produire au plus tard au premier trimestre 2018», a confirmé au Quotidien Liam Butterworth, président et vice-président de Powertrain Systems. Introduite au Luxembourg en 2006, sous l’impulsion du ministre de l’Économie de l’époque Jeannot Krecké, la division Powertrain de Delphi emploie actuellement au Grand-Duché près de 500 personnes. Liam Butterworth a affirmé qu’il n’y aurait pas d’impact pour les salariés : «Notre empreinte opérationnelle ne sera pas modifiée. Tant la direction que les effectifs resteront au Luxembourg. De même qu’au fur et à mesure du développement propre de l’entité Powertrain comme une société cotée en Bourse, les installations de la société resteront localisées à leur emplacement actuel.»
Une annonce qui rassurera les employés, qui ont connu au sein du groupe Delphi plusieurs changements ces dernières années. D’abord en 2015, où Delphi avait cédé ses activités de chauffage et refroidissement pour voitures à son concurrent allemand Mahle pour 727 millions de dollars, touchant ainsi 170 personnes sur le site luxembourgeois de Delphi, à la suite d’une restructuration globale.
Des forces perturbatrices
Puis en octobre dernier, la société américaine avait annoncé un plan social touchant une quarantaine de personnes, pour n’en finalement concerner plus qu’une quinzaine après négociation avec les syndicats. L’annonce de cette scission peut faire craindre le pire, et des rumeurs sur un éventuel rachat de la future société Powertrain circulent déjà.
Mais Delphi, par la voix de Liam Butterworth, se veut encore une fois rassurant en expliquant sa stratégie : «Nous avons construit une entreprise incroyable au cours des dernières années. Grâce au travail acharné et au dévouement de nos équipes mondiales – et aux investissements intelligents dans les technologies de pointe – les partenariats stratégiques et les acquisitions. Mais notre industrie continue d’évoluer rapidement et le rythme des changements s’accélère. Nos clients se définissent maintenant plus largement lorsqu’ils tentent de se positionner pour l’avenir du transport et parallèlement de nouveaux acteurs tels que Tesla, Uber, Lyft, Apple, Google et Amazon font office de forces perturbatrices dans notre industrie, ce qui accélère encore le rythme des changements du secteur.»
Le président et vice-président de Powertrain Systems poursuit : «À la suite de ces dynamiques de marché en évolution rapide et d’une analyse des marchés, nous avons conclu que l’exploitation par le biais de deux entreprises indépendantes nous permettrait de mieux tirer parti de notre portefeuille de technologies de pointe, de réduire notre empreinte globale ainsi que les coûts structurels. Chaque entreprise sera plus concentrée et apte à diriger davantage de ressources et à accroître les investissements, afin de capitaliser sur les tendances émergentes de l’industrie qui stimulent la mobilité.»
En résumé, cette décision relève d’un choix stratégique fort afin de répondre aux besoins d’un marché industriel lié à la mobilité et devenir le «cerveau et le système nerveux» des véhicules de demain, c’est-à-dire les voitures connectées et autonomes.
À noter que la future société, qui devrait se nommer «Powertrain», aura dans un premier temps pour actionnaires les mêmes que Delphi. Liam Butterworth n’a toutefois pas fermé la porte à de possibles investisseurs externes dans l’avenir : «Powertrain sera une entreprise solide, capable de vivre par elle-même. Cependant et comme c’est souvent le cas dans la vie d’une entreprise et dans le monde des affaires, il sera possible, dans le futur, de voir d’autres entreprises s’intéresser à Powertrain.»
Jeremy Zabatta