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Guerre commerciale : la Chine dégaine une liste noire


Cette liste noire arrive en représailles aux hausses de droits de douane annoncées par Donald Trump début mai sur des produits chinois. (illustration AFP)

Pékin a sorti vendredi une nouvelle arme dans la guerre commerciale contre Washington, annonçant la création de sa propre liste noire d’entreprises étrangères « non fiables », en réponse à l’offensive américaine contre Huawei.

Cette menace intervient au moment où de nouvelles surtaxes doivent entrer en vigueur samedi en Chine sur des produits américains, en représailles aux hausses de droits de douane annoncées par Donald Trump début mai sur des produits chinois.

« Les entreprises, organisations et particuliers étrangers qui n’obéissent pas aux règles du marché, qui s’éloignent de l’esprit d’un contrat, qui imposent des embargos ou cessent d’approvisionner des entreprises chinoises pour des motifs non commerciaux et nuisent gravement à leurs intérêts et droits légitimes seront placés sur une liste d’entités non fiables », a annoncé le ministère du Commerce.

Les modalités de cette mesure, notamment sa date d’entrée en vigueur, n’ont pas été précisées.

Œil pour œil

« La décision de la Chine de créer une liste noire d’entreprises ‘non fiables’ est une réponse à la liste américaine (d’entreprises suspectes visant Huawei) pour indiquer que la Chine peut cibler les entreprises américaines », analyse Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit. Selon lui, les filiales et succursales de sociétés américaines situées hors de Chine pourraient également être visées car « toute restriction chinoise s’appliquerait probablement à la fois à la société mère et à ses filiales mondiales ».

Cette annonce survient alors que le géant chinois des télécoms, Huawei, a été placé courant mai par Washington sur une liste d’entreprises suspectes auxquelles les entités américaines ne peuvent vendre d’équipements technologiques. L’administration Trump soupçonne le groupe de Shenzhen d’espionnage au profit de Pékin.

La décision américaine, qui doit entrer en vigueur dans un délai de trois mois, menace la survie de ce fleuron industriel chinois, très dépendant des puces électroniques américaines pour ses téléphones, estiment des experts. Dans la foulée, plusieurs entreprises ont pris leurs distances avec Huawei, notamment Google, dont le système Android équipe l’immense majorité des smartphones dans le monde.

Les « mensonges » américains

L’affrontement verbal entre les deux géants du Pacifique a franchi un nouveau cap vendredi, Pékin accusant sans le nommer le président américain de « mensonges ». Très confiant en dépit des tensions commerciales actuelles, Donald Trump a estimé jeudi que Pékin tenait « beaucoup à conclure un accord ». Et le président américain d’expliquer que la guerre commerciale avait, selon lui, « un effet dévastateur » sur le géant asiatique.

Pékin n’a pas tardé à lui répondre : « Les États-Unis ont déjà proféré ces mensonges à plus d’une reprise. A chaque fois, la Chine les dénonce mais les États-Unis font preuve de constance, pour ne pas dire d’obsession, en (les) répétant », a taclé devant la presse un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Les chiffres semblent donner pour le moment partiellement raison au président américain.

L’activité manufacturière en Chine s’est à nouveau contractée en mai, selon un indice dévoilé vendredi par un organisme officiel. Les commandes à l’export ont notamment connu une chute particulièrement forte, selon cet indice officiel des directeurs d’achats.

Une guerre de 50 ans ?

Samedi, 5 410 produits américains seront taxés à hauteur de 10%, 20%, voire 25% sur un ensemble de marchandises américaines déjà pénalisées à leur entrée en Chine. Cette mesure, qui vise 60 milliards de dollars d’importations annuelles, est une réponse aux droits de douane supplémentaires sur les produits chinois annoncés début mai par le président américain.

Cette nouvelle salve de Pékin cible notamment les produits cosmétiques, les articles de cuisine ou de sport, mais aussi les pianos, les préservatifs ou encore les jouets, qui seront taxés à hauteur de 25%.

Jusqu’où ira la surenchère ? Un ancien vice-ministre du Commerce a mis en garde contre une guerre commerciale qui pourrait durer, selon lui, « plus de 30 ans, voire 50 ans ».

LQ/AFP