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Guardian Luxembourg : «La direction veut aller à la va-vite»


Les sites luxembourgeois subissent la concurrence de l'Est. Le groupe spécialisé dans la fabrication du verre se tourne notamment la Pologne où Guardian a récemment ouvert une nouvelle usine à proximité de Czestochowa (Photo : Editpress).

Après plusieurs semaines d’inquiétude, la décision est tombée. Guardian veut se délester rapidement de 44 % de ses effectifs au Luxembourg.

Après plusieurs semaines de silence, la direction de Guardian Luxguard a informé les salariés et les partenaires sociaux de sa volonté de réduire drastiquement de 44 % ses effectifs au Luxembourg. L’OGBL s’est déjà dit vent debout devant cette décision mais surtout face à la manière de faire.
Le 6 août dernier, Guardian qui dispose de deux sites au Luxembourg (l’un à Bascharage et l’autre à Dudelange), a décidé de fusionner les deux entités en une. Auparavant encore, les délégations du personnel et les syndicats, notamment l’OGBL, avaient demandé à la direction d’avoir une visibilité sur la stratégie à l’avenir. Il faut dire que les outils fatiguent. À Dudelange, au sein de l’usine de Guardian, la décision de procéder au refroidissement définitif de son four est entérinée. À Bascharage, les outils de production vont bientôt arriver à bout, d’ici deux ans.

Cette situation en plus du projet de fusion des deux sites de Guardian au Luxembourg avaient poussé les salariés à poser des questions sur l’avenir notamment en matière d’investissement dans les outils de production afin d’assurer une production et donc de l’emploi. Mais la direction est toujours restée muette.
Jusqu’à cette semaine où elle a informé sur son intention d’entamer des discussions quant à la mise en place d’un plan de maintien dans l’emploi (PME), suivi d’une négociation d’un éventuel plan social.

Dans la balance, 201 de ses 453 salariés, soit près de la moitié de ses effectifs.

Du côté de l’OGBL, on fulmine. «Cela fait des semaines que l’on demande des précisions sur l’avenir mais sans réponses. Et maintenant, la direction de Guardian annonce vouloir négocier un plan de maintien dans l’emploi puis un plan social dès le 2 septembre. C’est un délai bien trop court pour négocier. La direction veut aller à la va- vite», peste Alain Rolling, secrétaire central adjoint à l’OGBL.
De toute façon, le syndicat refuse de parle d’un plan social pour le moment. «Ce plan de maintien dans l’emploi constitue la seule bonne solution et revendique que tous les moyens légaux à disposition (reconversions, transferts, préretraites, etc.) soient pleinement utilisés afin qu’aucun salarié ne perde son emploi», souligne-t-on à l’OGBL.

«On déplore le temps perdu»

On ne décolère pas du côté des partenaires sociaux. Ces derniers, ne voyant pas d’investissement se profiler à l’horizon, un projet de fusion et aucune réponse à leurs questions, avaient vu la chose arriver de loin. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils avaient demandé à la direction de Guardian de se pencher sur des solutions autour d’un plan de maintien dans l’emploi il y a de cela plusieurs semaines déjà. «Depuis plusieurs mois déjà, nous revendiquons la mise en place d’un plan de maintien dans l’emploi et on déplore le temps perdu qui aurait permis d’agir plus rapidement. Jusqu’à aujourd’hui, Guardian tournait autour du pot et ne voulait rien dire concernant le futur de tous les salariés. Aujourd’hui, Guardian veut aller vite. Cette attitude déplorable n’est pas propice à un bon dialogue social et annonce des négociations difficiles. Notre priorité sera de sauver les emplois», explique Alain Rolling.
Une entrevue avec le ministre de l’Économie, Franz Fayot, est prévue le 24 août et l’OGBL a également demandé à s’entretenir sur la question avec Dan Kersch en sa qualité de ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire.

Du côté de Guardian, que nous avons contactés, le groupe américain a juste confirmé le «potentiel licenciement de 200 personnes».

C’est en 1981 que Guardian a décidé de mettre un pied en Europe en choisissant le Luxembourg pour y installer son premier site de production sur le Vieux Continent. En 2016, la société américaine choisit même d’y établir son siège européen. Mais peu à peu, le groupe spécialisé dans la fabrication du verre se tourne vers les pays de l’Est et notamment la Pologne où Guardian a récemment ouvert une nouvelle usine à proximité de Czestochowa où le groupe américain possède déjà un site de production. «Cette nouvelle usine, c’est l’équivalent de trois sites de production ici», s’était inquiété Vincent Collin, président de la délégation du personnel de Bascharage, il y a quelques semaines. Visiblement, les inquiétudes des salariés étaient fondées.

Jeremy Zabatta