Le gouvernement grec présente aujourd’hui un catalogue de réformes lui permettant de décrocher le feu vert de la zone euro à l’extension de l’aide financière.
L’avenir de la Grèce dans l’euro entre dans une nouvelle phase dès aujourd’hui. (Photo : AP)
L’exécutif de la gauche radicale, qui s’est finalement résigné à collaborer avec les créanciers de l’UE, de la BCE et du FMI dans le cadre des plans de sauvetage imposés depuis 2010 aux gouvernements précédents, est décidé à exploiter les quelques latitudes consenties par ses partenaires. « Les textes européens ont toujours un flou créatif », a glissé Giorgos Katrougalos, ministre de la Réforme administrative sur une radio grecque.
Le gouvernement d’Alexis Tsipras a obtenu de pouvoir présenter à la zone euro sa propre liste de réformes pour autant que l’équilibre des finances publiques soit sauvegardé. « Il y a des sujets de souveraineté qui relèvent de la politique intérieure et ne sont pas négociables », a averti hier le ministre d’État Nikos Pappas, bras droit d’Alexis Tsipras.
Depuis la conclusion, vendredi soir à Bruxelles, de la première phase des négociations entre la Grèce et la zone euro, Athènes se démène pour donner une interprétation positive du laborieux compromis trouvé sur la prolongation jusque fin juin du financement de l’économie grecque.
« Nous sommes au début d’une nouvelle phase », a fait valoir Nikos Pappas qui voit ces quatre mois comme l’occasion de crédibiliser les réformes du nouveau gouvernement. Mais une première voix dissonante s’est fait entendre au sein de Syriza : le député européen et doyen de la gauche grecque Manolis Glezos, 92 ans, a vertement critiqué les concessions faites à la zone euro et s’est « excusé auprès du peuple grec d’avoir participé à cette illusion ».
« Nous ne sommes plus prêts à être écrasés comme des mouches », confiait hier dans la grande parade du carnaval de Patras (ouest) Giorgos Vourdoulas, dont la troupe a mis en scène « un char en bambou qui prend l’apparence d’un insecte dérangeant », la Grèce. Les questions relatives aux droits et conditions de travail sont des sujets de politique intérieure, a affirmé Nikos Pappas. Dans ce domaine, le gouvernement de gauche Syriza s’est engagé à rétablir le principe des conventions collectives battues en brèche durant la crise.
Or selon les termes du plan de sauvetage en cours, la Grèce est censée accélérer la dérégulation du marché du travail et réformer son droit syndical. Et la hausse du salaire minimum, de 580 à 751 euros sera mise en œuvre « progressivement », a réaffirmé le ministre Nikos Pappas.
> Et après le plan d’aide ?
Il a exclu de nouvelles baisses de salaires des fonctionnaires et des retraites. Or le dernier paquet de mesures à entreprendre par Athènes incluait déjà la suppression des retraites anticipées avant 62 ans et une baisse des retraites. Syriza s’est engagé durant la campagne électorale à augmenter les pensions les plus faibles.
Malgré ces divergences, le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, s’est dit certain de l’approbation des réformes par ses 18 collègues de la zone euro qui en jugeront lors d’une conférence téléphonique de l’Eurogroupe. Athènes espère notamment convaincre par un engagement chiffré à lutter contre l’évasion fiscale et la corruption.
Dans une interview au journal conservateur espagnol ABC, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a dit croire que le gouvernement Tsipras « s’est rendu compte que certaines règles, même si tu ne les a pas signées en propre, doivent être respectées par ton gouvernement ».
Plusieurs pays, dont l’Allemagne, devront ensuite faire adopter par leurs parlements, avant samedi, la prolongation du plan d’aide de la Grèce, que le gouvernement Tsipras souhaite être le dernier.
« À la fin de ces quatre mois, a prévenu Giorgos Katrougalos, nous poserons la question de la dette », soit du délicat allègement de ces quelque 320 milliards d’euros, environ 175% du PIB, qui pèsent sur le budget du pays et sa capacité de financement sur les marchés.
Le Quotidien/AFP
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