La Grèce et ses partenaires tentent ce mercredi de trouver les bases d’un accord permettant de verser rapidement au pays une tranche de prêts vitale à sa survie financière, après des mois de négociations infructueuses qui l’ont dangereusement rapproché de la faillite.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Francois Hollande se sont entretenus dans l’après-midi avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, avant qu’il ne se rende à Bruxelles où l’a convié Jean-Claude Juncker, le chef de la Commission européenne. Tous trois « se sont mis d’accord sur la nécessité d’une solution immédiate » aux négociations entre la Grèce et ses créanciers, selon une source gouvernementale grecque. « Les jours qui viennent sont décisifs », a souligné M. Hollande.
Ce mercredi soir, M. Tsipras doit rencontrer M. Jean-Claude Juncker, qui s’est toujours posé en médiateur dans ces négociations très houleuses. Le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, sera également présent. « C’est une réunion importante mais je ne m’attends pas à un accord ce soir », a prévenu le Néerlandais à son arrivée au siège de la Commission. Cette rencontre doit plutôt permettre d’ouvrir la voie à un accord sur une liste de réformes en vue du versement à la Grèce de 7,2 milliards d’euros, promis de longue date. L’idée est de conclure les négociations avant vendredi, a indiqué une source européenne.
Pour ce faire, les créanciers de la Grèce, UE et FMI, ont élaboré en commun une proposition d’accord, après la réunion lundi au pied levé entre M. Hollande, Mme Merkel, le président de la BCE, Mario Draghi et la patronne du FMI, Christine Lagarde, qui devrait servir de base à la négociation. Ce texte, « n’est pas un take it or leave it, tu prends ou tu laisses, on n’en est pas là, il faut un vrai dialogue », a estimé à Paris Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques. « Mais en même temps, l’idée, c’est d’aboutir à un accord rapidement ».
Le plan des créanciers est « exigeant » mais « n’est pas moins un paquet qui vise à assurer l’avenir de la Grèce dans la zone euro et la prospérité pour le peuple grec », a-t-il assuré devant l’Assemblée nationale.
Mais Athènes arrive également avec son lot de réformes. Le plan grec, que va défendre mercredi soir M. Tsipras, recense sur 46 pages réformes et mesures budgétaires. Selon la presse locale, elles incluent une réforme de la TVA, l’unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations.
Le compte n’y est pas pour plusieurs sources proches des discussions, qui voient plutôt dans ce texte « un ballon d’essai » des autorités grecques auprès de ses créanciers. Selon une source gouvernementale grecque, un pas a déja été franchi pour que les créanciers acceptent de baisser les objectifs d’excédents budgétaires primaires assignés à la Grèce. Cette concession permettrait de donner un peu d’air aux finances du pays.
« Il faut que nous évitions la division », a plaidé M. Tsipras avant de s’envoler pour Bruxelles. « Les dirigeants européens doivent avancer en faisant preuve de réalisme, comme le fait depuis trois mois le gouvernement grec (…) au profit d’une Europe unie », a-t-il ajouté. De Francfort, M. Draghi, a exigé un « accord solide », qui « produit de la croissance, inclut de la justice sociale, est pérenne du point de vue budgétaire et assure la stabilité financière » de la Grèce. Il a précisé qu’il ne se rendrait pas à Bruxelles mercredi soir.
Quoi qu’il en soit, le temps presse pour trouver un accord, alors que la Grèce, privée de tout versement de ses bailleurs de fonds depuis août, risque à tout moment la faillite. Vendredi, le pays doit rembourser une tranche de prêts de 300 millions d’euros au FMI, premier versement d’un total de 1,6 milliard d’euros dus à l’institution de Washington en juin. Si Athènes dispose des fonds, selon une source familière de ces transactions, le gouvernement a laissé entendre que des gages d’accord seraient nécessaires pour envisager les prochains paiements.
Le groupe parlementaire Syriza de M. Tsipras se réunira jeudi pour examiner les offres d’accord, une étape essentielle car M. Tsipras aura besoin d’une majorité parlementaire pour faire passer les réformes conditionnant le versement de l’aide, ce qui inquiète à Bruxelles. Pour qu’un accord soit sur pied avant l’expiration du deuxième plan d’aide à la Grèce au 30 juin, le feu vert des créanciers et des 19 pays de la zone euro doit intervenir au plus tard lors de l’Eurogroupe du 18 juin.
AFP