Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déploré vendredi le manque de « progrès » des discussions sur le financement de la Grèce mais a « totalement exclu un échec ».
« Je ne suis pas satisfait des développements ces dernières semaines, je ne pense pas que nous ayons fait suffisamment de progrès. Mais je vais essayer de pousser pour une conclusion réussie », a déclaré Jean-Claude Juncker en accueillant le Premier ministre grec Alexis Tsipras. « J’exclus totalement la possibilité d’un échec. Je n’en veux pas, je veux que les Européens s’entendent. Ce n’est pas le moment de se diviser », a-t-il ajouté, alors que les tensions sont vives entre la Grèce et ses créanciers, Allemagne en tête.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a d’ailleurs indiqué vendredi ne pas pouvoir « exclure » une sortie désordonnée de la Grèce de la zone euro si Athènes ne parvenait pas à un accord avec ses bailleurs internationaux (UE, BCE, FMI).
Un accord a été trouvé fin février pour prolonger de quatre mois le programme de financement de la Grèce en échange de réformes, jusqu’à l’été, mais ce processus a pris beaucoup de retard malgré les besoins financiers pressants du pays, qui doit faut rembourser six milliards d’euros au printemps. « Je crois vraiment que nous pouvons résoudre les problèmes que nous avons dans les prochaines semaines », a assuré Jean-Claude Juncker.
Il a rappelé que la Commission n’était pas l’acteur principal dans ces négociations et que les décisions devaient être prises par l’Eurogroupe. « Je vais faire des propositions à mon ami Alexis et nous verrons ensuite ce qui en ressortira », a-t-il dit, au début de cette deuxième rencontre à Bruxelles entre lui et Alexis Tsipras depuis la victoire de la gauche radicale en Grèce. « Je suis optimiste sur le fait que nous avons la volonté politique de trouver des solutions à nos problèmes. Avec la volonté politique, tout est possible », a affirmé pour sa part le Premier ministre.
Une déclaration qui a été suivie d’un « oui » franc et massif de Jean-Claude Juncker. Le Premier ministre grec a également rencontré vendredi matin Martin Schulz, le président du Parlement européen, avec qui il s’est entretenu des initiatives possibles pour mettre fin à « la crise humanitaire » de son pays.
« J’ai passé 90% de mon temps à discuter du court terme, il est temps désormais de parler de l’avenir. Il est temps de donner un message d’espoir au peuple grec, pas seulement de mettre en place des réformes » à tout crin. « La Grèce a déjà commencé à respecter » ses engagements. « Nous faisons notre part, nous attendons que nos partenaires fassent la leur », a-t-il ajouté.
La Grèce et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont annoncé jeudi un partenariat sur la mise en place de réformes, sur la fiscalité ou la concurrence par exemple, dont Athènes espère qu’il sera un « passeport » de sa bonne volonté réformatrice.
Des experts de l’UE et du FMI se sont également rendus jeudi à Athènes pour connaître l’état réel des finances du pays, comme le demandait à corps et à cris la zone euro. Une visite de travail très sensible tant elle rappelle les revues menées par la troïka des créanciers, vécues comme une véritable humiliation dans le pays.
AFP