Accueil | Economie | Grèce : coopération gréco-allemande contre l’évasion fiscale

Grèce : coopération gréco-allemande contre l’évasion fiscale


Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (g) et le ministre des Finances de la Rhénanie du Nord-Westphalie Norbert Walter-Borjans (c) à Athènes, le 16 janvier 2016. (Photo : AFP)

Les autorités grecques et allemandes ont signé samedi à Athènes «une déclaration» de coopération en matière de lutte contre l’évasion fiscale en présence du ministre des Finances de la Rhénanie du Nord-Westphalie, Norbert Walter-Borjans.

Cette déclaration envoie «un message de coopération plus étroite entre les autorités grecques et allemandes pour lutter d’une façon plus efficace contre l’évasion fiscale» en Grèce, a indiqué M. Walter-Borjans, lors d’une conférence de presse.

La coopération vise à l’échange des informations concernant des entreprises non solvables et du savoir faire pour la création d’un système informatique de gestion de risque (Risk-Management-System), selon le texte publié.

Le ministre allemand a précisé que «50 inspecteurs grecs vont prochainement bénéficier d’une formation de trois à quatre semaines en Allemagne» sur ce sujet.

Fin novembre, Berlin avait communiqué à Athènes une liste de détenteurs de comptes en Suisse crédités d’un total de 4 milliards de francs suisses (3,7 milliards d’euros).

Cette liste a été surnommée par les médias grecs «liste Borjans», du nom du ministre des Finances de l’Etat-région allemand de Rhénanie du Nord-Westphalie qui avait transmis au gouvernement grec plus de 10 000 données pouvant servir à la poursuite de fraude fiscale en Grèce et concernant à la fois des entreprises et des particuliers.

Le 15 décembre, des procureurs grecs avaient découvert dans une agence de la banque suisse UBS à Athènes au moins 200 fraudeurs présumés vis-à-vis du fisc grec ainsi que des disques durs contenant des informations sur des cas suspects de blanchiment d’argent.

Le montant de chacun des dépôts de ces évadés fiscaux irait de 1,5 à 12 millions d’euros, selon une première estimation judiciaire.

«Nous espérons que la liste Borjans sera le début d’une longue coopération avec la Rhénanie du Nord-Westphalie, qui est à l’avant-garde de la lutte contre l’évasion fiscale», a indiqué le ministre adjoint grec de la Justice, Dimitris Papaguelopoulos.

Le ministre allemand s’est également entretenu samedi avec le Premier ministre Alexis Tsipras. L’évasion fiscale reste un fléau en Grèce et le gouvernement s’est engagé à la combattre.

«Contrairement aux précédents gouvernements, il y a actuellement une volonté politique pour accélérer les procédures de contrôles et lutter contre l’évasion fiscale», a souligné le ministre adjoint des Finances, Tryfonas Alexiadis présent également à la conférence de presse

M. Walter-Borjans a rappelé que grâce au rachat par les services allemands des CD comprenant des données fiscales, des contribuables allemands ont commencé à déclarer volontairement des capitaux dissimulés et «les recettes fiscales en Allemagne ont augmenté de plus de 5 milliards d’euros» ces dernières années.

Il a aussi dit qu’il avait déjà proposé d’aider les autorités grecques contre l’évasion fiscale en 2012. Mais à l’époque le gouvernement conservateur n’avait pas donné suite à sa proposition en raison surtout de la polémique autour de la «liste Falciani» –du nom de l’ex employé de HSBC Hervé Falciani qui avait révélé des opérations massives de fraude et d’évasion fiscale.

La liste Falciani regroupait les noms de quelque 2 000 Grecs, parmi lesquels de nombreux hommes politiques, soupçonnés d’évasion en Suisse mais aucun gouvernement grec ne s’y est réellement attaqué jusqu’ici.

AFP/M.R.