Le ministre luxembourgeois des Finances continue à figurer parmi les successeurs potentiels du Néerlandais Jérôme Dijsselbloem à la tête de l’Eurogroupe.
La présidence de l’Eurogroupe est un poste clé très convoité de l’Union européenne, mais, à un mois de l’élection, personne ne s’est encore officiellement manifesté. Le ministre des Finances luxembourgeois, Pierre Gramegna, continue à être cité.
Les ministre des Finances de la zone euro se sont réunis hier à Bruxelles pour discuter de l’avenir de l’Union économique et monétaire et de l’après-Dijsselbloem. La rencontre visait également à préparer un sommet de chefs d’État et de gouvernement de l’UE spécifiquement consacré au futur de la zone euro, le 15 décembre dans la capitale belge, qui s’inscrit dans le calendrier du président du Conseil européen, Donald Tusk, pour relancer l’Europe.
«On écoutera les ministres», mais «il ne s’agit pas de décider», a insisté un haut fonctionnaire de l’UE, simplement de «faire le point» sur les trois thèmes à l’ordre du jour : la simplification des règles budgétaires des États membres, le budget de la zone euro et l’approfondissement de l’Union bancaire. «On a vraiment une fenêtre d’opportunité dans laquelle tout le monde aujourd’hui est prêt à s’engouffrer», a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, à son arrivée.
Pour l’occasion, ce qui devait au départ être un Eurogroupe réunissant les ministres des Finances des 19 pays ayant adopté la monnaie unique s’est mué en Eurogroupe «élargi». Les 25 pays engagés depuis 2012 dans le «Pacte budgétaire européen» seront représentés, ainsi que la République tchèque, qui n’a toujours pas signé ce traité, et la Croatie, pas encore membre au moment de sa signature, invitées à titre d’observatrices. Seul le Royaume-Uni, non signataire et supposé avoir quitté l’Union bien avant l’éventuelle mise en œuvre des réformes discutées hier, sera absent.
Des paniques bancaires
Parmi les chantiers évoqués, la simplification des règles européennes qui encadrent les budgets des États, jugée nécessaire par l’ensemble des membres de l’UE, qui peinent cependant à s’entendre sur la méthode. «On est passé d’un seul article dans le traité à 400 pages de documents», souligne le haut fonctionnaire européen.
La question d’un budget propre à la zone euro semble tout aussi problématique, tant les avis divergent sur cette idée ancienne relancée par Emmanuel Macron. Le président français plaide en faveur d’un budget conséquent et prône une «solidarité» européenne, un point de vue qui ne rencontre qu’un écho limité auprès du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et surtout de l’Allemagne. Les ministres discuteront, enfin, de l’achèvement de l’Union bancaire et de la délicate mise en place d’un système européen de garanties des dépôts destiné à prévenir les paniques bancaires. Berlin est depuis toujours réticent à partager le risque bancaire avec les pays du sud de l’Europe, aux banques fragiles, s’il n’a pas au préalable été réduit, ce qui paralyse les discussions.
Le profil du prochain président de l’Eurogroupe sera crucial dans la recherche d’un compromis sur ces sujets qui divisent profondément les Européens. Contraint de laisser la place après la débâcle de son Parti travailliste aux dernières élections néerlandaises, le président actuel, Jeroen Dijsselbloem, a détaillé le processus qui aboutira à l’élection de son successeur, a priori le 4 décembre, pour un mandat de deux ans et demi.
Des intéressés connus
Le Portugais Mario Centeno, le Slovaque Peter Kazimir, «intéressé» selon le tweet d’un de ses conseillers, le Luxembourgeois Pierre Gramegna, la Lettonne Dana Reizniece-Ozola ou dans une moindre mesure le Français Bruno Le Maire, resté hier à Paris pour défendre son budget, font partie des noms évoqués.
Le commissaire européen Pierre Moscovici pourrait aussi se montrer intéressé, mais les ministres semblent plus enclins à choisir l’un des leurs. «Ce que disent les textes, c’est que pour être président de l’Eurogroupe il faut être ministre des Finances», a hier Pierre Gramegna. Une présélection devrait d’abord se jouer dans les couloirs bruxellois, car «ce qu’il faut absolument éviter, c’est qu’il y ait trop de candidats», explique une source diplomatique.
Plusieurs critères seront pris en compte, comme la couleur politique, la nationalité ou la taille du pays d’origine du candidat, afin de proroger l’équilibre subtil qui régit les nominations aux postes les plus stratégiques de l’UE.
Le Quotidien