Le Mouvement écologique (Méco) s’est formellement opposé au reclassement des terrains agricoles de Bissen en «zone spéciale data center» pour Google.
Les promesses sont nombreuses, mais l’incertitude est grande. Voilà comment on peut résumer le dossier du fameux data center de Google à Bissen et son éventuel investissement d’un milliard d’euros.
Mardi, le Mouvement écologique a pris position sur le dossier en s’opposant au projet de modification du plan d’aménagement général à Bissen, étape cruciale pour rendre constructible les terres agricoles acquises par Google. Sur le fond, le Méco demande surtout à voir des «preuves tangibles sur les avantages et les bénéfices pour le pays d’un tel projet». Pour rappel, Google a la possibilité d’y implanter un data center gigantesque.
«On ne sait rien»
Le géant américain a d’ailleurs acheté 33,7 hectares de terrains agricoles dans la commune de Bissen, soit l’équivalent de 48 terrains de football. «Il faut également se poser la question de la taille. L’occupation des sols est énorme pour le Luxembourg et injustifiable. Cela représente un dixième de l’utilisation des sols disponibles annuellement selon la stratégie de développement durable à une seule et unique entreprise», a souligné Blanche Weber. Cela pose également la question de l’équité envers les autres petites et moyennes entreprises (PME) cherchant des terrains pour s’installer. «Là aussi, est-ce que le data center de Google est plus important que les PME qui forment le tissu économique du pays ?», s’est interrogée la présidente du Méco.
Blanche Weber va plus loin dans sa réflexion et demande également une approche plus détaillée sur la consommation d’eau et d’énergie d’un tel projet. «On parle de créer une nouvelle connexion avec l’Allemagne pour alimenter ce projet. On nous demande souvent si nous avons des chiffres concernant la consommation d’eau et d’énergie pour un tel projet. Mais c’est justement ce que l’on demande au gouvernement et si celui-ci n’a pas la réponse, il se doit de demander ce que compte faire Google», a encore indiqué la présidente du Méco avant de soupirer : «On ne sait rien.»
Autre préoccupation, la qualité de cette terre agricole. «Des agriculteurs ont affirmé qu’il s’agissait d’une très bonne terre et la bonne terre est un bien rare. La question n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre ce projet, mais de savoir si un tel projet est si important et essentiel pour le pays. On veut aussi parler de l’approche environnementale, des incidences négatives sur l’environnement et du manque d’informations sur ces sujets», a précisé Blanche Weber.
Des interrogations sans réponses
D’un autre côté, le Méco semble enclin à apporter des avantages à l’arrivée de Google à Bissen, mais là encore les données manquent. «Tout apport de preuves et de faits objectifs qui seraient de nature à justifier la valeur ajoutée réelle tant sociale qu’économique de cette implantation comme la création d’emplois, les rentrées fiscales ou encore l’impact réel sur le secteur IT au Luxembourg font défaut», a expliqué la présidente du Méco.
Il semble assez cohérent de connaître l’ensemble des impacts, directs et indirects, sur l’environnement mais également les avantages et les désavantages d’un tel projet ou encore les détails techniques impliquant l’utilisation de l’eau et de l’énergie du pays. «Nous avons eu beaucoup de témoignages de citoyens qui s’inquiètent de ce projet, plus que l’on ne le pense», a encore expliqué la présidente du Méco, qui souhaite simplement plus d’informations sur les conséquences de ce projet.
Des interrogations qui restent pour le moment sans réponses, d’autant plus que seul Google sait s’il va décider de s’implanter à Bissen ou alors de s’installer dans d’autres pays où la société américaine a également acheté des terrains dans l’optique d’y construire un data center.
Finalement, la demande du Méco est de pouvoir mettre sur la table l’ensemble des avantages d’un tel projet, de la création d’emplois à son apport économique pour le pays, et l’ensemble des désavantages notamment sur l’environnement et la consommation d’eau et d’énergie, afin de connaître la valeur ajoutée d’un projet de cette ampleur unique.
Jeremy Zabatta