Le fabricant de pneumatiques a inauguré mercredi son nouveau laboratoire qui, grâce à une soixantaine de machines perfectionnées, lui permet désormais de réaliser 70 000 tests sur 40 000 pneus chaque année.
Entre 1970 et 1992, le laboratoire de Colmar-Berg testait les pneus d’avion. Celui du Concorde y a même été homologué. Depuis, ce sont des pneus de voiture, de camion, de génie civil et de tracteur qui y sont auscultés. Mais depuis peu, avec un investissement de 15millions d’euros sur trois ans, le site a pris une toute nouvelle dimension. Dans un marché qui se complexifie encore et toujours et où la concurrence est de plus en plus rude, Goodyear construit une bonne partie de son futur à l’échelle internationale depuis Colmar-Berg. Seul le siège d’Akron (Ohio) le dépasse en taille. Cette place prépondérante vient d’être renforcée par la construction d’une nouvelle aile à son laboratoire qui passe désormais à plus de 5 300 m².
Au sein des différentes unités de ce grand labo, les comportements des pneus sont analysés en long, en large et en travers. «Nous effectuons ici chaque année 70 000 tests sur 40 000 pneus, indique Carlos Cipollitti, vice-président développement de produits Europe, Moyen-Orient et Afrique et directeur général du Centre d’innovation de Colmar-Berg. Cela correspond à 60 millions de kilomètres par an, soit 155 fois le trajet entre la Terre et la Lune.»
Ce redimensionnement du laboratoire permet à Goodyear de travailler encore davantage sur trois axes, comme l’explique le directeur en charge des tests de performance des pneus pour l’ensemble du groupe, Greg Camarato : «Nous y mesurons la performance des pneus, leur aptitude à passer les tests d’homologation de toutes les régions géographiques où nous allons les vendre et nous y contrôlons également leur qualité et la constance de la production.»
Un labo ouvert 24 h/24, 7 j/7
Ces tests sont réalisés sur une soixantaine de machines, dont les dernières ont été acquises en 2014. L’une d’entre elles a même été la première de ce type installée en Europe, elle permet d’appliquer au pneu toutes les contraintes qu’il subira sur la route… et même davantage. «Nous pouvons simuler le comportement des pneus d’une voiture de course sur circuit», souligne Frédéric Wolff, le responsable du laboratoire. «Le but de cette machine est de nous permettre de créer des modèles qui nous assurent que le pneu conviendra parfaitement au châssis de la voiture qui lui est destinée», explique-t-il.
Cet équipement entièrement paramétrable permet de modifier la vitesse (jusqu’à 260 km/h), les angles (jusqu’à 20 °) et la charge sur le pneu à la demande de l’ingénieur. Il coûte cinq millions d’euros, «mais les retours en connaissances et en innovations valent largement l’investissement», affirme Frédéric Wolff.
Ces outils de pointe, toutefois, ne sonneront pas le glas des tests sur route et sur piste, «qui sont complémentaires, notamment pour le développement des pneus hiver», précise le directeur du laboratoire. Au total, la facture de l’agrandissement du laboratoire frôle les 15 millions d’euros. Désormais, 80 personnes y sont employées. On y trouve des ingénieurs, mais aussi des opérateurs et des techniciens. Ils travaillent ici 24 h/24 et 7 j/7, sur trois roulements journaliers.
Erwan Nonet