Des salariés de General Electric à Belfort ont lancé vendredi une procédure de signalement de « danger grave et imminent » pour les salariés de l’entreprise, engagée dans un vaste plan social, pointant le décès de trois d’entre eux en trois semaines, a-t-on appris de source syndicale.
Un courrier adressé vendredi au directeur du site, Antoine Peyratout, par trois membres de la Commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) annonce « le dépôt d’une procédure de danger grave et imminent » et demande « la mise en oeuvre d’une enquête dans les plus brefs délais qui concernera l’ensemble des postes et salariés de l’entreprise ».
Les élus de la CSSCT soulignent « le décès en 3 semaines de 3 salariés (2 crises cardiaques et 1 accident vasculaire cérébral) » et pointent des « situations de conflit/pressions sur des salariés », ainsi que « le caractère anxiogène des annonces relatives à l’emploi », alors que General Electrics a lancé en mai un plan social qui doit aboutir à la suppression de près de 1 050 emplois en France.
La lettre rappelle qu’en novembre 2018, « les 3 CHSCT de l’entreprise (avaient) déclenché une expertise pour risques graves » après de nombreux signalements portant sur des risques psychosociaux dans l’entreprise et qu’aucune mesure de prévention n’avait été mise en place à la suite de ce rapport. Ce rapport avait montré que 63% des salariés interrogés se trouvaient « en niveau fort à très fort » en termes de charge mentale, dénoncent les signataires.
« Les décisions sont prises essentiellement en Suisse et aux Etats-Unis »
« Dans les périodes où il va y avoir des départs de salariés, le management se fait plus dur », a dit Francis Fontana, délégué Sud Industrie et secrétaire de la CSSCT Centrale. « On a un management de proximité qui n’a plus aucun pouvoir, qui a été complètement dépossédé des pouvoirs de décision -les décisions sont prises essentiellement en Suisse et aux Etats-Unis. Le management français est juste là pour l’application du règlement intérieur, c’est un management administratif et de police ! », a-t-il pointé.
« GE déplore l’instrumentalisation indécente qui est faite par certains syndicats des décès récents de trois de nos salariés intervenus, en dehors du temps et du lieu de travail et nous réfutons tout lien avec l’actualité de l’entreprise », a réagi la direction. « Face à l’ampleur du projet de réorganisation actuel, (GE) a renforcé son dispositif cette année avec notamment une présence accrue sur le terrain des équipes RH, du service de santé au travail, de salariés volontaires formés, et d’un service d’assistance psychologique », a-t-elle précisé.
Engagée dans un combat pour sauver l’entité turbines à gaz de Belfort, qui doit payer le prix fort du plan social avec 792 postes supprimés, son intersyndicale a écrit jeudi soir au gouvernement pour le mettre en demeure de faire respecter par General Electric les engagements pris lors du rachat du pôle énergie d’Alstom en 2014 et d’exiger la suspension du plan social. Lors de la vente du pôle énergie d’Alstom à GE en 2014, le géant américain avait promis de créer 1 000 emplois nets, promesse non tenue pour laquelle il doit payer des pénalités, et s’était aussi engagé à maintenir l’essentiel des activités turbines à gaz de 50 Hertz de Belfort.
LQ/AFP