Le Premier ministre se trouve en mission sur la côte ouest des États-Unis pour «soigner et approfondir» les relations commerciales avec plusieurs géants de la tech, dont Google, Amazon, Microsoft et Nvidia.
«Nous voulons faire du Luxembourg une place aussi reconnue pour son expertise financière que pour son savoir-faire numérique», annonçait le Premier ministre lors de sa déclaration sur l’état de la Nation, le 13 mai dernier. Trois domaines d’action stratégiques ont été définis pour atteindre cet objectif : les données, l’intelligence artificielle (IA) et la technologique quantique.
Afin de promouvoir ces leviers pour diversifier l’économie nationale, Luc Frieden a mis le cap samedi sur les États-Unis. «Nous savons que les Américains figurent parmi les plus grands acteurs dans le domaine de la tech. Tous les géants du numérique ont leur siège sur la côte ouest. Si on veut leur parler, il faut aller à leur rencontre», résume Luc Frieden, qui a échangé, hier matin, par visioconférence avec des journalistes luxembourgeois. Le chef du gouvernement, également en charge de la politique numérique, de la connectivité et des médias, venait d’achever une première journée d’échanges à Seattle. Son voyage va encore l’amener à San Francisco (Silicon Valley) et à l’université de Stanford.
«Ouvrir et garder ouvertes des portes»
Le fil rouge de la visite est l’IA, mais pas seulement. Luc Frieden dit poursuivre un objectif plus global : «Il m’importe de renforcer et de soigner, dans ce contexte géopolitique très compliqué, nos relations économiques avec les États-Unis, qui restent notre premier partenaire commercial en dehors de l’UE». En raison des taxes douanières imposées par l’administration Trump, le volume des exportations de biens est en légère baisse de 2 % depuis janvier.
Sur la côte ouest, le Premier ministre cherchera à relancer la machine ou du moins à «créer le cadre» pour «renforcer nos amitiés et relations avec un important partenaire, avec lequel nous voulons et devons continuer à échanger». En soi, il ne s’agirait cependant pas d’une mission économique avec à la clé la signature de contrats. Luc Frieden est toutefois accompagné des directeurs généraux de Post, LuxConnect et Proximus. Les deux derniers ont déjà développé avec Google un cloud numérique souverain.
L’entrevue avec les dirigeants de Google sera un des rendez-vous majeurs du voyage. Le Premier ministre va en outre être reçu chez Microsoft, Amazon (lire ci-contre) et Nvidia, un géant dans le domaine de la fabrication de puces. «Nouer, soigner et, si possible, approfondir» les relations avec ces principaux acteurs du numérique serait indispensable «pour éviter que le Luxembourg soit coupé de la tech, de l’IA et de la data». «Il nous faut soutenir nos entreprises pour ouvrir et garder ouvertes des portes, mais également pour les placer sur le devant de la scène», souligne Luc Frieden.
L’IA, une «formidable avancée technologique»
Il cherchera à «explorer les possibles contributions» des mastodontes américains dans ces domaines clés. «Une formidable avancée technologique, qui présente à mes yeux davantage d’opportunités que de risques.» «La finalité doit être de s’assurer que l’Europe et le Luxembourg soient dotés des bonnes technologies pour créer leur souveraineté numérique. Souveraineté ne veut pas dire qu’il faut se replier sur soi, mais coopérer avec des partenaires qui disposent d’un temps d’avance que les Européens ne pourront pas combler si rapidement», développe le Premier ministre. La conclusion est sans équivoque : les géants américains de la tech demeurent dès lors «des partenaires incontournables» en la matière.
«Je veux qu’Amazon reste un acteur important»
Fin octobre, Amazon a annoncé la suppression de 14 000 emplois à travers le monde. Une vague de licenciements qui serait due au développement renforcé de l’IA. Les bureaux au Grand-Duché, où travaillant plus de 4 000 salariés, pourraient être concernés par cette réduction des effectifs. D’après RTL, une centaine d’emplois seraient menacés. Un chiffre que le camp syndical n’a pas encore pu confirmer.
Lors de sa rencontre avec le directeur général d’Amazon, Andy Jassy, le Premier ministre compte aborder le dossier. «Mon message sera très clair : je veux qu’Amazon reste un acteur important au Luxembourg», y compris en termes d’emplois, affirme Luc Frieden. Il fera aussi la promotion de «l’environnement propice aux investissements» au Grand-Duché, «défendu par mon gouvernement». Il s’agirait aussi d’un levier pour continuer à créer des emplois de qualité et attirer des talents.