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France : les bénéfices du CAC 40 fondent début 2024, la consommation fautive


Les chiffres d'affaires sont eux en légère baisse de 2%, à 839 milliards d'euros, soit vingt milliards de moins que l'an dernier. (Photo AFP)

Après une année 2023 dopée par l’inflation, les entreprises du CAC 40 ont dégagé au premier semestre 2024 près de 11% de bénéfices en moins par rapport à la même date l’an dernier, avec 72,2 milliards d’euros au total, d’après un décompte réalisé vendredi par l’AFP.

En mettant de côté deux entreprises dont les périodes de calcul diffèrent, les 38 entreprises restantes de l’indice parisien avaient collectivement obtenu près de 81 milliards d’euros de bénéfice net au premier semestre 2023. Les chiffres d’affaires sont eux en légère baisse de 2%, à 839 milliards d’euros, soit vingt milliards de moins que l’an dernier.

Des baisses que beaucoup d’entreprises, telles que le géant des hydrocarbures TotalEnergies, le numéro un mondial du luxe LVMH ou le groupe automobile Stellantis, attribuent avant tout à une consommation des ménages amorphe.

« Il y a vraiment eu une erreur de diagnostic sur l’ampleur du ralentissement de la consommation qui concerne quasiment tous les secteurs d’activité au niveau mondial et qui explique ces mauvais résultats », analyse auprès de l’AFP Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM.

Car si l’activité économique de la France a résisté depuis le début de l’année – le PIB a crû de 0,3% aux premier et deuxième trimestre par rapport aux trimestres précédents selon l’Insee -, c’est principalement grâce à la hausse des exportations. La consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance française, progresse beaucoup moins.

Des perspectives peu favorables

Certes, « les très grandes entreprises, constitutives du CAC 40 bénéficient davantage de cette hausse des exportations que les PME », note Christopher Dembik. Mais « le tissu français repose principalement sur des importations intraeuropéennes, dont la dynamique est bien moins bonne », tempère l’analyste, qui pointe par ailleurs des investissements moins forts que prévu, grevant également les résultats d’entreprise.

Et les perspectives n’augurent pas d’une nette amélioration de la consommation. « Les hausses de salaires, certes plus importantes que l’inflation, devraient principalement partir dans l’épargne », estime Christopher Dembik.

Pas de nouveau ralentissement de la consommation à craindre, estime-t-il, mais une stabilisation à des niveaux très bas. Pire, en 2025, l’analyste présage une contraction des dépenses publiques, pourtant « un élément de soutien extrêmement important, y compris pour de grandes entreprises cotées ». Une modération budgétaire rendue probable par le gonflement du déficit public cette année.

De nombreux secteurs concernés

Le secteur de la « tech » et des médias, qui compte six entreprises dans le CAC 40, est celui qui a le plus souffert au premier semestre 2024: leur bénéfice net cumulé chute de 24% sur un an. Les trois entreprises de la santé, Sanofi, Essilor et Eurofins Scientific suivent de peu, avec des bénéfices en baisse de 22%.

L’industrie n’est pas en reste: -17% de résultat net. Plusieurs acteurs, tels que le fabricant de matériels et d’équipements électriques Legrand ou le géant de la construction Bouygues, pointent en particulier une crise de l’immobilier qui persiste en Europe. Le luxe, qui abrite la plus grosse capitalisation du CAC 40 LVMH, n’a pas échappé au ralentissement de la consommation, surtout en Chine. Les bénéfices des entreprises du secteur présentes dans l’indice ont reculé de 11% sur un an au premier semestre 2024.

De nombreuses chutes donc, mais la conjoncture faisait craindre pire, note auprès de l’AFP Amélie Derambure, gérante de portefeuille diversifié chez Amundi.

« Les entreprises françaises montrent malgré tout une bonne résilience », analyse-t-elle, estimant que les marchés ont réagi trop sévèrement au moindre résultat décevant, sans saluer suffisament les plus honorables.

Les deux entreprises du secteur de la défense, Thales et Dassault Systèmes, font figure à part: leurs bénéfices ont crû de 30% sur un an. Côté banque et assurance, le bénéfice est stable et le chiffre d’affaire en légère hausse de 6%. Les résultats de Pernod Ricard et d’Alstom, effectués sur des exercices décalés et non comparables, n’ont pas été retenus dans ces calculs.

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