A l’image d’autres grandes régions européennes, Auvergne-Rhône-Alpes dispose désormais de son « fonds souverain », bénéficiant d’entrée de 70 millions d’euros de ressources pour renforcer les fonds propres des entreprises locales.
Ce fonds remplira une double mission, a expliqué lundi à la presse son président Laurent Wauquiez (LR). Défensive: « protéger nos entreprises pendant la sortie de crise du Covid ». Et offensive: « les aider à grandir ».
Il investira en « haut de bilan » – en d’autres termes il prendra des participations dans des entreprises par augmentations de capital, qui n’ont pas à être remboursées.
Auvergne-Rhône-Alpes, première région industrielle de France, ne peut pas se permettre « de perdre le contrôle de ses entreprises via des achats de prédateurs », a fait valoir M. Wauquiez. « Je préfère que ce soit un fonds souverain d’Auvergne-Rhône-Alpes plutôt qu’un fonds qatari qui investisse dans nos entreprises », a-t-il dit.
Opérationnelle au 1er avril, la nouvelle structure est présidée par l’entrepreneur Laurent Fiard, co-président du groupe informatique Visiativ, et est gérée par le fonds d’investissement d’origine lyonnaise Siparex.
Le fonds sera animé par quatre professionnels exerçant à temps plein et 10% de ses ressources seront fléchées vers les très petites entreprises.
Dans les sociétés réalisant un chiffre d’affaires de 15 à 200 millions d’euros, il prendra des « tickets » de 3 à 7 millions – « mais ce pourra aller bien au delà », a indiqué le président de Siparex Bertrand Rambaud.
Fine fleur régionale
Ses ressources lui ont été apportées par la fine fleur de la finance régionale : les cinq caisses locales du Crédit agricole (10 millions d’euros), Caisse d’épargne Auvergne-Rhône-Alpes (10), Banque populaire AURA (7,5), l’assureur lyonnais L’Auxiliaire (5), l’organisme de protection sociale Apicil (1), Groupama Rhône-Alpes Auvergne (1) et le Medef régional (0,5). Bpifrance y investit pour sa part 10 millions et la région 25 millions, dans un premier temps.
« Tous les acteurs qui comptent sont représentés dans ce projet ‘de place’ « , s’est réjoui M. Rambaud. « C’est un fonds bien né, avec un gestionnaire de renom et un président que l’on ne présente plus », a abondé le représentant régional de Bpifrance Jean-Pierre Bes.
L’objectif est d’arriver « assez vite » à 100 millions qui, par effet de levier, devrait permettre de mobiliser plus de 400 millions d’euros d’argent frais au service des entreprises.
M. Wauquiez a assuré que l’Etat lui avait promis d’y apporter 30 millions d’euros.
A terme, l’objectif, a ajouté l’élu, est que ce fonds obtienne un agrément de l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour que des particuliers puissent y investir, en ayant « la certitude que leur argent sera investi uniquement dans des entreprises de la région. »
Il a précisé que les 120 millions d’euros d’investissements déjà consacrés par la région à des entreprises avaient pour vocation de progressivement « converger » avec le nouveau fonds.
AFP