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Fragilisé par la pandémie, Heineken va supprimer 8 000 emplois


2020 a été "une année de rupture et de transition sans précédent" pour le brasseur néerlandais. (photo AFP)

Une perte nette de 204 millions d’euros pour 2020 et 8 000 emplois en voie de suppression : le brasseur néerlandais Heineken n’a pas échappé aux dégâts de la crise sanitaire qui risquent de se faire sentir encore au premier semestre 2021.

L’an passé, le numéro deux mondial de la bière, derrière le belgo-brésilien AB InBev, avait publié un bénéfice net de 2,1 milliards d’euros. Les ventes pour 2020 sont également en recul de 17% à 23 milliards d’euros. Pour rebondir, le mastodonte prévoit de réduire d’environ 10% ses effectifs, alors que sous le coup des restrictions gouvernementales, un peu partout dans le monde, la majorité des bars et des restaurants restent fermés. Fondé au XIXe siècle à Amsterdam, le groupe produit et vend plus de 300 marques de bière et de cidre, dont Heineken, Strongbow et Amstel, et emploie plus de 85.000 personnes à l’échelle mondiale.

2020 a été « une année de rupture et de transition sans précédent » pour le groupe, a souligné le PDG du brasseur, Dolf van den Brink. Ces suppressions de postes s’intègrent dans des efforts plus globaux pour remodeler Heineken, avec l’objectif de réaliser 2 milliards d’euros d’économies d’ici 2023, a complété le patron qui a pris les rênes en avril dernier.

« La pandémie de Covid-19 et les mesures gouvernementales continuent à avoir un impact sur nos marchés et notre activité », explique Heineken dans le communiqué de présentation de ses résultats annuels. Coté à la Bourse d’Amsterdam, Heineken perdait 2,25 % à 87,48 euros en fin de matinée ce mercredi, dans un marché en hausse de 0,51 %.

Dans le détail, les ventes de bières ont baissé de 8,1 % en 2020, le recul étant limité à 0,4 % pour la marque principale Heineken, qualifiée d' »étoile brillante » par le PDG et dont les performances ont été « significativement supérieures au reste du marché », selon le groupe. La marque a ainsi connu une croissance à deux chiffres sur 25 marchés comme le Brésil, la Chine ou la Grande-Bretagne. La version sans alcool Heineken 0.0 s’est aussi distinguée par une croissance.

« Amélioration progressive » au second semestre 

Pour les autres marques, les performances ont été mitigées avec une progression de Desperados et une petite croissance de Birra Moretti mais un recul des ventes de Amstel et Sol. Comme le reste du secteur, Heineken a souffert des fermetures des lieux de consommation partout dans le monde, souligne le PDG.

Et l’impact a été notamment amplifié par l’exposition géographique du groupe, selon lui. En Europe notamment, moins de 30 % des points de vente étaient actifs, en particulier fin janvier. Les régions les plus touchées par le Covid-19 sont celles qui affichent de fortes baisses, avec des ventes de bière diminuées de 40% en Europe. Le groupe a aussi noté un ralentissement significatif de ses ventes au Mexique et Afrique du Sud.

Au vu de ses résultats, le dividende pour 2020 est en baisse de 58,3 % à 0,70 euro par action (contre 1,68 euro en 2019). Dans un contexte lourd d’incertitudes, avec un déploiement lent des campagnes de vaccination, le groupe s’attend encore à un premier semestre 2021 perturbé, avant une « amélioration progressive des conditions » dans la seconde moitié de l’année.

« Au total, nous anticipons des ventes, un bénéfice opérationnel et une marge opérationnelle qui resteront sous les niveaux de 2019 », a précisé l’entreprise. Heineken qui avait prévenu en octobre qu’une restructuration serait nécessaire a annoncé qu’il allait supprimer 8.000 postes partout dans le monde « en fonction des circonstances locales » mais cela touchera également le siège à Amsterdam.

Le plan de réorganisation devrait se focaliser sur la marque Heineken et quelques marques de qualité au plan local, sans oublier le versant des boissons sans alcool.

AFP/LQ