Les dirigeants des pays industrialisés, à Washington pour les réunions du FMI, du G20 et du G7 Finance, ont promis mercredi de s’attaquer aux problèmes de logistique qui créent des pénuries de produits de consommation courante, alimentant l’inflation et ralentissant la croissance mondiale.
Les problèmes d’approvisionnement, provoqués par un rebond de demande de transport logistique avec la reprise post-pandémie et par des pénuries de main d’œuvre, touchent de nombreux pays et ont conduit le Fonds monétaire international à réviser à la baisse les prévisions de croissance des États-Unis, de la Chine, de l’Allemagne ou encore du Royaume-Uni.
« Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 sont convenus de travailler ensemble pour surveiller les pressions sur les chaînes d’approvisionnement », ont-ils annoncé dans un communiqué à l’issue d’une réunion dans la capitale américaine.
Les perturbations des chaînes logistiques sont telles que le président américain Joe Biden a poussé le port de Los Angeles, où arrivent 40% des conteneurs destinés aux États-Unis, et le syndicat américain des dockers, à accepter de travailler davantage la nuit et les week-ends pour réduire les files d’attente qui freinent la livraison de nombreux produits. Plusieurs entreprises, dont Walmart, FedEx et UPS, se sont aussi engagées à travailler plus la nuit pour accélérer l’acheminement de leurs conteneurs hors des ports.
Une seule solution : « l’indépendance »
Ces mesures « vont changer la donne », a commenté Joe Biden, ajoutant que les États-Unis « ne devraient plus jamais être dans l’incapacité de fabriquer » les produits dont ils ont besoin à cause de pénuries. Les goulets d’étranglement vont peser sur la dynamique de croissance « dans les mois et les années qui viennent », avait déploré plus tôt le ministre français des Finances Bruno Le Maire. « La réponse tient en un seul mot : l’indépendance », a-t-il ajouté, en référence à la dépendance actuelle des industries occidentales vis-à-vis de l’Asie.
Avec les prix de l’énergie, cette question était au cœur des réunions du G7 et du G20.
Le ministre britannique des Finances Rishi Sunak a, lui, appelé le G7 Finance, dont il tient la présidence jusqu’à la fin de l’année, à une action mondiale face à cette crise. Alors que son pays est particulièrement affecté par ces dysfonctionnements, par ailleurs aggravés par le Brexit, Rishi Sunak plaide pour une meilleure « coordination » pour rendre les chaînes d’approvisionnement « plus résilientes ».
« Nos estimations suggèrent que 8,5% du transport mondial de conteneurs est bloqué dans ou autour des ports, c’est le double de janvier », a indiqué David Malpass, le président de la Banque mondiale. Ces perturbations font grimper le coût des marchandises et les frais d’expédition, des hausses qui parfois, pour lui, « ne seront pas transitoires ».
Facteurs multiples
La remise en route des chaînes d’approvisionnement « va prendre du temps », a estimé de son côté le gouverneur de la Banque centrale italienne Ignazio Visco au cours d’une conférence de presse du G20 dont l’Italie à la présidence. Mais il s’attend à ce que, dans les mois à venir, les goulets « s’estompent et les prix diminuent ». Il a toutefois reconnu qu’il y avait « débat » au sein du G20 sur la possibilité que, pour certains produits, les problèmes d’approvisionnement s’enracinent. « Nous devons comprendre s’il y a des facteurs plus structurels », a-t-il noté.
De nombreux produits se font rares dans les magasins notamment aux États-Unis, des vélos aux balles de tennis en passant par les téléphones portables. Les causes du problème sont multiples. La production est encore régulièrement perturbée par des pics de contaminations depuis le début de la pandémie alors que la demande est forte. De plus, de nombreuses entreprises peinent à recruter pour des postes essentiels dans la chaîne d’approvisionnement, des manutentionnaires aux chauffeurs-routiers.
Grand sujet d’inquiétude pour les gouvernements : ces perturbations alimentent la hausse des prix, notamment ceux de l’énergie. Face à des prix qui pèsent sur les ménages, le FMI a recommandé mercredi de prendre des mesures ciblées pour aider les foyers les plus pauvres et de ne pas recourir à des subventions généralisées qui sont « très coûteuses et profitent aux ménages riches ». De plus, « elles conduisent à des incitations très négatives pour l’environnement » en soutenant la consommation d’énergies polluantes, a souligné Paulo Medas, un responsable du FMI.
LQ/AFP