L’UE a donné vendredi deux semaines au Royaume-Uni pour clarifier ses engagements, en particulier financiers, dans les négociations du Brexit, au terme d’une sixième session de tractations qui n’a permis aucune percée décisive pour organiser leur divorce.
Ces discussions, qui n’ont duré qu’un jour et demi à Bruxelles, ont au contraire mis au jour un nouveau point d’achoppement, avec le dossier irlandais, Londres et Bruxelles divergeant fortement sur le moyen d’éviter le retour d’une frontière « dure » avec l’Irlande. Le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a confirmé que les Européens exigeaient des réponses urgentes, avec des engagements « clairs et sincères » du gouvernement britannique. Il a répondu par un simple « oui » à une question de la presse lui demandant si ce délai était bien de « deux semaines ».
Ce n’est qu’à cette condition que les Européens pourront accepter, lors d’un sommet de l’UE prévu les 14 et 15 décembre, d’ouvrir une seconde phase des négociations. Contrairement à la phase actuelle, celle-ci inclurait la relation future avec Londres, qui s’impatiente de son côté de pouvoir lancer des tractations commerciales pour la période post-Brexit.
« Nous devons maintenant aller de l’avant pour passer à nos discussions sur notre future relation », a déclaré le ministre britannique chargé du Brexit, David Davis. Mais il faut d’abord trouver « un accord sur cette séquence du retrait ordonné du Royaume-Uni », « c’est la priorité absolue qui est la nôtre », a insisté de son côté M. Barnier. Pour les 27, les trois sujets préalables à régler incluent notamment l’épineuse question du règlement financier du Brexit, c’est-à-dire du solde des engagements pris par le Royaume-Uni au sein de l’Union, dont il aura été membre pendant plus de 40 ans.
Le président du Parlement européen Antonio Tajani a récemment affirmé que la facture tournerait autour de « 50 ou 60 milliards » d’euros, confirmant pour la première fois des estimations officieuses circulant à Bruxelles, et déplorant « les clopinettes » proposées par Londres.
Outre la facture, l’UE veut également des « progrès suffisants » sur question des droits après le Brexit des Européens vivant au Royaume-Uni, et sur les conséquences du divorce sur la frontière entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord. La tension semble être montrée d’un cran sur ce dernier dossier entre Londres et les 27, même si les deux parties s’accordent pour souhaiter qu’il n’y ait pas de retour d’une frontière « dure ». Dans un document interne, l’UE soutient le point de vue de Dublin, qui estime que la province britannique d’Irlande du Nord devrait continuer à appliquer les règles du marché unique européen et de l’Union douanière de l’UE pour éviter le retour de postes-frontières et préserver l’accord de paix de 1998 qui a mis fin à trente années de guerre civile.
Le Quotidien/AFP