Le nouveau gouvernement travailliste britannique a dénoncé lundi un trou massif dans les finances publiques, dissimulé selon lui par les conservateurs et a averti de « décisions difficiles » qui laissent anticiper de possibles baisses de dépenses de l’État ou hausses d’impôts.
Avant même d’accéder au pouvoir début juillet, le Labour, qui s’est engagé à une gestion rigoureuse des finances publiques, avait prévenu qu’il hériterait d’une situation délicate après 14 ans de règne conservateur. La très attendue intervention de la ministre des Finances Rachel Reeves devant le Parlement est venue préciser ce diagnostic qui s’annonce déterminant pour la politique du nouvel exécutif.
« Nous avons hérité d’un excès de dépenses de 22 milliards de livres », soit environ 26 milliards d’euros, qui a été « masqué » par le parti conservateur désormais dans l’opposition, a déclaré la ministre, dont le titre officiel est « chancelière de l’Échiquier.
Parmi les politiques non financées qu’elle déplore, Rachel Reevesa cité le programme d’envoi de certains demandeurs d’asile au Rwanda, un plan pour les hôpitaux ou des accords de paie de fonctionnaires.
Elle a assuré que cela pourrait générer un bond de « 25 % du déficit budgétaire cette année » sans mesures pour y remédier et dit par conséquent lancer « le travail urgent et nécessaire » trouver des économies de 5,5 milliards de livres cette année et de plus de 8 milliards l’an prochain.
La ministre des Finances, la première femme à occuper ce poste, a par ailleurs donné la date du 30 octobre pour sa première lettre budgétaire, qui comprendra des « décisions difficiles », a-t-elle averti. Elle annonce d’ores et déjà des coupes certaines aides au fioul de chauffage en hiver.
La ministre a toutefois promis que le gouvernement, en ligne avec le programme du parti travailliste, n’augmenterait pas les cotisations sociales et les impôts des « gens qui travaillent ».
Selon le Sunday Times, le gouvernement réfléchit notamment à annuler ou retarder certains chantiers d’infrastructures, notamment un tronçon de la ligne ferroviaire à grande vitesse HS2 qui prévoit d’aller jusqu’à la gare d’Euston, dans le centre de Londres, au profit d’une gare en périphérie de la capitale britannique.
Pour autant, le Labour écarte toute idée d’austérité et le gouvernement devrait suivre les recommandations indépendantes d’accorder à des millions de fonctionnaires des hausses de salaires supérieures à l’inflation – retombée à 2% après avoir flambé de jusqu’à 11% fin 2022.
« Tentative éhontée »
Son prédécesseur conservateur Jeremy Hunt a aussitôt répliqué que l’état des finances publiques était « apparent avant les élections pour quiconque se donnait la peine de regarder ».
Il accuse aussi la chancelière de « tentative éhontée de préparer le terrain pour des hausses d’impôts dont elle n’a pas eu le courage de nous parler avant », fustige-t-il.
Rachel Reeves a fait campagne en promettant une « discipline de fer » sur le budget, le Labour invoquant régulièrement la quasi-crise financière déclenchée il y a près de deux ans par Liz Truss lors de son bref passage à Downing Street, 49 jours.
Le gouvernement de Keir Starmer dispose d’une marge de manœuvre budgétaire étroite pour apporter le changement promis pendant sa campagne électorale.
Cette fermeté financière a déjà provoqué des tensions dans la majorité. Keir Starmer a suspendu la semaine dernière sept députés qui avaient voté, contre l’avis du gouvernement, en faveur d’un amendement visant à abroger un plafonnement des allocations familiales pour les familles nombreuses, accusé d’aggraver la pauvreté infantile.
L’association pro-croissance Britain Remade argumente pour sa part que baisser les dépenses d’investissement dans les infrastructures et notamment les lignes ferroviaires n’est « pas sans risque ».
La baisse de la livre ralentissait quelque peu, la monnaie britannique se repliant de 0,14 % par rapport au billet vert, à 1,2848 dollar, et prenant 0,18 % face à l’euro, à 84,21 pence, après le discours de la chancelière.
Si 22 milliards de livres augmentent le déficit de 25%, alors, c’est que l’UK est remarquablement bien géré. En effet, cela signifierait que le déficit global se monte à 88 millliards, c’est à dire peanuts.
Il y a donc une grossse erreur dans les chiffres de l’article, à moins que les travaillistes ne sachent pas compter, ce qui ne serait qu’à moitié étonnant.