La Banque centrale américaine a annoncé jeudi avoir modifié sa politique, laissant désormais l’inflation augmenter pour permettre à l’économie de créer plus d’emplois en faveur du plus grand nombre et des foyers à faibles revenus en particulier.
Ce changement intervient alors que la pandémie de Covid-19 a plongé la première économie du monde en récession. Le produit intérieur brut des États-Unis a enregistré une contraction de 31,7 %, selon une deuxième estimation révisée en hausse publiée jeudi par le département du Commerce. Les familles aux revenus les plus modestes sont aussi celles qui sont les plus durement affectées par la crise économique.
Concrètement, les modifications apportées à la politique-cadre de la Fed prévoient que l’inflation peut rester au-dessus de l’objectif de 2 % « pendant un certain temps » avant que la Fed n’ait à agir en augmentant les taux d’intérêt, a expliqué le président de l’institution Jerome Powell dans un discours.
La puissante institution financière a pris acte qu’avant la pandémie, croissance relativement soutenue et plein emploi n’allaient pas de pair avec hausse des prix : l’inflation est restée modérée, en-deçà de l’objectif des 2 % de la Fed.
Une réponse à un appel en faveur des minorités raciales
Le patron de la Fed, qui s’exprimait à l’occasion de la réunion annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming), a une nouvelle fois martelé que l’institution était prête à utiliser toute sa « gamme complète d’outils » pour soutenir l’économie. « L’économie est en constante évolution et la stratégie du FOMC (comité monétaire de la Fed décidant des taux d’intérêt, ndlr) pour atteindre ses objectifs doit s’adapter pour relever les nouveaux défis qui se présentent », a-t-il également expliqué.
Alors que le pays est secoué depuis des mois par des manifestations antiraciales et que des élues ont appelé la Fed à faire davantage en faveur des minorités raciales, Jerome Powell a rétorqué qu’un marché du travail « solide » pouvait bénéficier à de « nombreuses communautés à revenus faibles ou modérés ». Et, a-t-il ajouté, « un marché du travail robuste peut être maintenu sans provoquer une augmentation indésirable de l’inflation ».
Il a enfin rappelé qu’avant la pandémie, le taux de chômage était à son plus bas niveau en 50 ans (3,5 % contre 10,2 % en juillet) et les revenus des ménages en hausse : les minorités noire et hispanique avaient profité de cette conjoncture favorable, même si les écarts avec les Blancs étaient encore marqués.
LQ/AFP