Pour cette deuxième journée de la mission économique à Dubai, Franz Fayot et la délégation se sont rendus au Congrès international d’astronautique (IAC), le rendez-vous annuel incontournable de tous les acteurs du secteur spatial.
Le Luxembourg a pour ambition de devenir un acteur incontournable du secteur spatial et entend bien le faire savoir. C’est d’ailleurs là tout l’enjeu de la mission économique menée par le ministre Franz Fayot aux Émirats arabes unis. Le pays a donc à nouveau participé à la 72e édition du Congrès international de l’astronautique (IAC) qui se tient à Dubai depuis lundi et jusqu’à vendredi. Ce rendez-vous annuel organisé par la Fédération internationale d’astronautique est en effet une occasion en or pour tous les acteurs du spatial de se rencontrer et d’échanger sur les projets et les programmes en cours et bien sûr, de nouer des partenariats.
Encadrés par l’Agence spatiale du Luxembourg (LSA), le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) et sept entreprises (GomSpace Luxembourg, Ispace Europe, Maana Electric, OffWorld Europe, Redwire Europe, Spire Global et bien sûr, SES, la référence en matière d’opération spatiale) présentent à un public spécialisé international une semaine durant leurs activités.
Des rovers made in Luxembourg
La compagnie privée d’exploration lunaire Ispace compte ainsi sur ce congrès pour montrer son savoir-faire. Elle développe un alunisseur, un vaisseau spatial qui a pour but d’emmener du cargo jusqu’à la Lune. «Cet alunisseur, c’est un peu comme Fedex !», résume Julien-Alexandre Lamamy, le directeur général de Ispace. «L’alunisseur Ispace va partir l’année prochaine sur une fusée Space X. Il peut transporter 30 kg de cargo. Le design a été conçu au Japon, l’assemblage a actuellement lieu en Allemagne et l’année prochaine, nous allons inaugurer au Luxembourg notre salle de contrôle pour les missions, dont la première utilité sera de faire les opérations de back-up pour cette mission. Cette salle sera connectée à l’Agence spatiale européenne, et nous y recevrons les données du vaisseau afin de pouvoir le commander au cas où il y aurait des problèmes à Tokyo.»
Mais ce n’est pas tout : les rovers qui seront embarqués, ces petits robots chargés d’effectuer des prélèvements, seront fabriqués au Luxembourg et toutes les données de cette mission seront traitées au Grand-Duché. «À terme, notre ambition sera de faire de l’exploration, étape indispensable pour permettre ensuite l’exploitation. Nous avons les compétences, les robots, nous recevons et traitons les données. Tout est réuni.»
La Lune regorge en effet d’éléments d’intérêt : hydrogène, oxygène, fer, titane, aluminium, silicium, or… Des matériaux qui pourraient servir, entre autres, à la fabrication de panneaux solaires, de verre, mais aussi à «faire le plein» des fusées, qui carburent à l’hydrogène et à l’oxygène. «Afin de pouvoir quitter l’orbite terrestre, une fusée consacre 90% de sa charge utile au carburant et seulement 10% à l’équipement. En rechargeant les fusées dans l’espace, on pourrait emporter plus de matériel. En gros, nous ambitionnons de créer des stations-services spatiales !», explique Carlos Espejel, d’Ispace Europe. «De plus, si nous établissons des stations orbitales lunaires, ce sera plus simple d’un point de vue tant logistique que financier de créer des pièces métalliques sur la Lune plutôt que sur la Terre en utilisant les ressources locales. C’est là tout l’intérêt d’aller exploiter les ressources lunaires.»
Toujours plus d’entreprises
C’est en 2018 que le Luxembourg participe pour la première fois de manière active à l’IAC. «Le pays compte désormais 70 acteurs dans le domaine spatial. En 2012, nous n’en comptions que 16. La croissance est donc vraiment importante», se réjouit Marc Serres, le directeur général de la LSA. «Ce qui est aussi intéressant, c’est que ces compagnies sont actives dans des domaines différents : on a des entreprises qui fabriquent des composants de satellites, d’autres qui sont présentes sur les infrastructures au sol et d’autres encore dans les services ou les opérations.»
Si le Luxembourg était déjà connu sur la scène internationale grâce à SES, l’initiative sur les ressources spatiales «a énormément augmenté la visibilité du pays», poursuit Marc Serres. «Beaucoup d’entreprises viennent à notre rencontre pour voir ce qu’elles peuvent faire avec le Luxembourg, et éventuellement s’y établir. Ces dernières années, nous avons noué environ 200 nouveaux contacts par an.»
Un intérêt indéniable que le Luxembourg doit non seulement à ses investissements massifs dans le domaine spatial, mais aussi à l’importance de ce secteur dans l’agenda politique national, ce qui facilite grandement le développement des activités.
À Dubai, Tatiana Salvan
Un centre d’excellence numérique
Franz Fayot a rencontré le directeur général de Thales Alenia Space. L’entreprise a ouvert cette année un centre d’excellence numérique au Grand-Duché.
À l’occasion de sa visite au Congrès international d’astronautique, le ministre de l’Économie, Franz Fayot, s’est rendu au stand de Thales Alenia Space, entreprise spécialisée dans les systèmes satellitaires, et a échangé avec son directeur général, Hervé Derrey.
Le groupe franco-italien a en effet ouvert cette année un centre d’excellence numérique au Luxembourg. Ce centre est axé sur «le développement de solutions digitales très innovantes pour les produits spatiaux de télécommunication, d’observation et de navigation», résume Thales Alenia Space. L’équipe en place au Grand-Duché va ainsi établir des solutions pour tout le secteur d’activité, en se concentrant notamment sur le management des données et leur fiabilité.
Plusieurs raisons ont motivé le choix d’établir un tel centre au Luxembourg, comme l’explique Étienne Barritault, le directeur général de Thales Alenia Space Luxembourg : «D’une part, le fait que le Luxembourg investisse massivement dans le spatial, ainsi que sa position d’acteur de premier plan en matière de digital en Europe. Le Luxembourg a en effet une politique de centres de données et de sécurité de l’information à tous les niveaux, tant dans les entreprises que les universités. D’autre part, sa place centrale et son extrême connaissance de l’Europe ont également été déterminantes.»
Le centre devrait compter huit collaborateurs d’ici la fin de l’année pour atteindre progressivement jusqu’à une cinquantaine de collaborateurs.
T.S