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Escroquerie : Landsbanki Luxembourg relaxée en appel


Cette filiale d'une grande banque islandaise avait été emportée par la crise financière de 2008. (archives AFP)

La cour d’appel de Paris a confirmé vendredi la relaxe de la Landsbanki Luxembourg, filiale d’une banque islandaise, accusée d’avoir escroqué une centaine de personnes en France dont le chanteur Enrico Macias.

Les magistrats ont confirmé le jugement du tribunal correctionnel de Paris qui, le 28 août 2017, avait relaxé l’établissement et neuf anciens dirigeants, cadres ou conseillers. Il leur était reproché d’avoir, principalement en 2007, escroqué une centaine d’épargnants français en leur faisant hypothéquer leurs maisons ou appartements contre un crédit versé en partie en liquide, en partie sous forme de placements financiers. La banque était accusée d’avoir trompé les clients à la fois sur les risques encourus et sur sa propre santé financière.

En 2017, le tribunal avait estimé qu’il « ne résulte pas du dossier que les emprunteurs ont été victimes de manœuvres frauduleuses » et qu’ils avaient « nécessairement conscience de l’existence d’un risque » en souscrivant ces prêts complexes, accordés sans conditions de revenus. Après la nationalisation de la maison-mère islandaise et la faillite de la filiale luxembourgeoise en 2008, les liquidateurs de Landsbanki Luxembourg avaient entrepris de recouvrer les créances, quitte à mettre en vente les biens hypothéqués.

« Un goût amer » pour les victimes

Enrico Macias, qui a engagé sa villa de Saint-Tropez pour 35 millions d’euros auprès de la banque, avait fait éclater l’affaire. « J’ai passé dix ans la peur au ventre de perdre mon seul bien », avait-il lancé au tribunal. En mars 2019, il a été définitivement condamné par la justice luxembourgeoise à rembourser 30 millions d’euros à la liquidatrice de la banque. La cour d’appel a confirmé la « restitution des créances »: concrètement, les appartements et maisons pourront si besoin être mis en vente forcée. « Ça veut dire qu’on a perdu ? » s’est interrogé, incrédule, l’un de ces épargnants. Certains envisagent un pourvoi en cassation.

Pour Jacqueline Laffont, avocate d’Enrico Macias, cette décision « laisse un goût amer, dans la mesure où les débats ont démontré que des dizaines, voire des centaines de personnes, ont été victimes des agissements d’une banque ». Pour la défense, « c’est un énorme soulagement ». « Justice est de nouveau dite dans un dossier qui ne reposait que sur des raisonnements tordus », a estimé Félix de Belloy, avocat de l’ex-patron de la maison-mère islandaise Bjorgolfur Gudmundsson. « Enrico Macias vient de chanter son dernier refrain », a ironisé Olivier Baratelli, avocat d’un autre ex-dirigeant, considérant que le chanteur « a entretenu artificiellement un espoir pour des centaines de personnes ».

LQ/AFP