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Éoliennes flottantes : où et pourquoi ?


L'Europe fait figure de pionnière en la matière. (illustration AFP)

Contrairement aux éoliennes dites « posées », dont le mât est planté en mer dans le sol, les éoliennes « flottantes », objet à ce stade de sites pilotes, permettent de s’installer en zones profondes.

En France, très en retard dans le déploiement de l’éolien offshore, huit parcs posés sont désormais dans les tuyaux. Pour le flottant, un premier appel d’offres commercial a été lancé en mai par l’État, pour un parc en Bretagne, et un autre, en Méditerranée, doit faire l’objet d’un débat public tout l’été.

En grandes profondeurs

A partir de 60 mètres de fond, au moins pour des raisons économiques, il faut passer au flottant. Cela permet de s’installer à plus grande distance des côtes, à moindre impact visuel, et en zones plus ventées, améliorant leur capacité de production. En Méditerranée, cette technique s’impose car le plancher marin descend vite.

Au niveau mondial, 80% du potentiel de l’éolien en mer repose sur des technologies flottantes, selon l’Agence internationale de l’énergie. En France, l’Ademe a évalué le potentiel à 16 gigawatts (GW) accessibles pour l’éolien posé et 33 GW pour le flottant.

Taille et stabilité

Chaque éolienne est fixée sur un flotteur maintenu par des lignes d’ancrage reliées au fond, plus ou moins tendues. La stabilité est garantie par la taille du flotteur ou encore un centre de gravité très bas, expliquent les industriels. Deux câbles reliant la machine au sol marin conduisent le courant au poste électrique central. Les flotteurs des fermes pilotes aujourd’hui annoncées vont jusqu’à 100 m de long. Ils dépendront aussi de la taille des éoliennes choisies: plus le diamètre de l’éolienne est grand, plus elle produit d’électricité. Plus elles sont grandes, moins elles ont besoin d’être nombreuses. Par exemple, un parc de 250 MW nécessite 42 éoliennes de 6 MW, alors que 17 suffisent avec des modèles de 15 MW.

Sur l’océan

L’Europe fait figure de pionnière. Un premier parc commercial, le projet Hywind, a été inauguré en Écosse en 2017, pour plus de 30 MW. Au Portugal, WindFloat Atlantic a été mis en service mi-2020 : les trois plus grandes turbines au monde sur flotteur, pour 25 MW au total. La Norvège attend pour 2022 onze turbines flottantes, destinées à alimenter… des plateformes pétrolières.

D’autres grands parcs commerciaux s’annoncent. TotalEnergies a investi dans un vaste projet au large de la Corée du Sud. En Espagne, l’opérateur Iberdrola a annoncé plus d’un milliard d’euros pour un parc en face des Canaries. En France, le premier site à grande échelle devrait voir le jour en Bretagne : un champ de 250 MW, avant un autre de 500, au large de Belle-Ile-en-Mer et Groix.

Et en Méditerranée ?

Un projet est annoncé dans la baie de Rosas, au nord de la Catalogne. Un autre, 7SeasMed, porté par des développeurs danois, est évoqué dans le canal de Sicile, entre Sicile et Tunisie, où les fonds atteignent 300 m. A ce stade cependant seules des fermes pilotes sont annoncées prochainement, avec 3 éoliennes à chaque fois. C’est le projet EolMed, 30 MW à 18 km de Gruissan (Aude), attendu en 2022. En 2023, ce sera les éoliennes du golfe du Lion, au large de Leucate, et Provence Grand Large face à Port Saint-Louis du Rhône. Objectif : tester flotteurs et impacts. En France, l’Autorité environnementale a rendu un avis prudent : quel impact sur la biodiversité ? Ces pilotes suffiront-ils à répondre ?

Avantage industriel

La France compte plusieurs « flottoristes », comme Ideol à La Ciotat ou Eolink en Bretagne, et se veut en pointe. C’était en 2020 plus de 600 emplois, selon l’Observatoire des énergies de la mer. Les énergéticiens y voient aussi un débouché. « Pour le projet EolMed, nous avons fait appel à une trentaine d’ingénieurs pétroliers experts des plateformes offshore », disait lundi le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné.

Pour autant, « les technologies de flotteurs ne sont pas encore abouties et leurs coûts restent aussi élevés que les éoliennes qu’ils supportent », relevait récemment un rapport du régulateur français. De ce fait, leurs prix sont encore nettement plus élevés que pour l’éolien posé.

LQ/AFP