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Entre pêche et vaccins anti-Covid, les tractations de la dernière chance à l’OMC


Ngozi Okonjo-Iweala, première femme et première Africaine à diriger l'organisation, a promis de lui rendre son rôle sur la scène internationale. (Photo AFP)

Les négociations de la dernière chance se poursuivaient jeudi à l’OMC pour tenter d’arracher un consensus sur les vaccins anti-Covid, la pêche ou encore la sécurité alimentaire mais aussi redonner à l’organisation un second souffle dans un système commercial multilatéral déstabilisé.

Avec un brin d’humour, l’Organisation mondiale du commerce a tweeté vers 07H40GMT: « Bonjour en ce cinquième jour de notre #MC12 (12e conférence ministérielle Ndlr) de quatre jours ». Les délégués ont travaillé toute la nuit et les négociations se poursuivent ce matin ». La réunion entre les 164 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce -la première depuis plus de 4 ans – a déjà été prolongée jusqu’à ce jeudi 13H00 GMT dans l’espoir d’arracher des accords sur les vaccins anti-Covid, la pêche ou encore la sécurité alimentaire. Les ministres, réunis à Genève depuis dimanche, ont marchandé toute la nuit au siège de l’organisation.

« Bonjour depuis l’OMC ! » a lancé la représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, dans un tweet très matinal, accompagné d’une photo où l’on peut voir les premières lueurs du soleil qui illuminent le lac Léman. Une photo similaire publiée presque au même moment par l’ambassadeur britannique Simon Manley, dans un tweet poétique: « Nous étions là à l’aube, au moment où la nuit se mue en petit matin ». Mais rien ne filtrait sur un éventuel accord sur la pêche et les vaccins anti-Covid, les deux sujets phares de la réunion.

« Arriver à des résultats positifs »

« Nous restons optimistes que nous pouvons arriver à des résultats vraiment positifs », a déclaré à l’AFP, Damien O’Connor, le ministre néo-zélandais du Commerce, sans toutefois vouloir entrer dans les détails. Rien n’est garanti car les décisions sont prises par consensus et une seule dissonance peut faire capoter un accord.

De nombreux diplomates ont déploré ces derniers jours les vives réticences de l’Inde sur plusieurs des textes, y compris sur les subventions qui contribuent à la surpêche et la prolongation du moratoire sur les droits de douane pour les transmissions électroniques.

Amadouer l’Inde

« L’Inde a toujours été un partenaire commercial réticent. Elle est connue pour sa réticence à signer des accords de libre-échange », a indiqué à l’AFP Harsh V. Pant, professeur au King’s College de Londres. « L’Inde a aujourd’hui le sentiment d’avoir plus de marge de manoeuvre que par le passé. Elle (…) pense qu’elle se trouve dans une situation géopolitique favorable dans laquelle tout le monde veut l’amadouer, et elle peut l’utiliser comme levier », a noté cet expert en politique internationale basé à New Delhi. Le pays avait déjà été accusé par les ONG d’avoir empêcher la conclusion de l’accord sur la pêche lors de la précédente ministérielle de l’OMC fin 2017 à Buenos Aires.

Pas d’accord majeur depuis 2013

Les membres de l’OMC sont réunis jusqu’à jeudi à Genève à l’occasion de la 12e conférence ministérielle de l’organisation qui n’a pas conclu d’accord majeur depuis la conférence ministérielle de 2013 à Bali.

Arrivée en mars 2021 à la tête de l’OMC, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, première femme et première Africaine à diriger cette organisation créée en 1995, a promis de lui rendre son rôle sur la scène internationale, en particulier face à la pandémie de Covid-19. A ce sujet, un premier texte en discussion vise à faciliter le commerce des biens médicaux nécessaires à la lutte contre les pandémies, tandis qu’un second texte – de plus grande envergure – demande la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid.

La grave crise alimentaire mondiale provoquée par l’invasion russe en Ukraine, qui fait partie des greniers à céréales du monde, est au coeur des préoccupations des ministres à l’OMC. Une déclaration est discutée sur les restrictions aux exportations. Un autre projet d’accord vise à interdire les restrictions à l’exportation concernant les achats du Programme alimentaire mondial, une des principales agences humanitaires de l’ONU. Mais cette négociation était bloquée jusque-là par l’Inde.