Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La plateforme belge Edebex permet d’acheter et de vendre en ligne des créances de petites entreprises en mal de crédit et de liquidités. Présente en Belgique et en France, elle s’attaque désormais au marché luxembourgeois.
Quelles soient petites, moyennes ou grandes, les entreprises sont toutes confrontées au même problème : le paiement des factures par les fournisseurs. Certains préfèrent payer dans les 30, 60, voire 90 jours, mettant parfois dans l’embarras leurs clients qui ont besoin de leur argent pour payer leurs employés et d’autres factures. La scale-up (start-up qui a bien grandi, NDLR) Edebex propose une solution pour éviter ce genre de problème.
La société est née en 2014, après une idée venue à Xavier Corman, le PDG, et l’un des quatre cofondateurs, en 2010. À cette époque, il accompagnait les entreprises en tant que directeur financier pour les petites et moyennes entreprises. «J’avais deux types de clients», se souvient-il. Le premier était «des PME qui avaient du mal à payer leurs factures » et le second «des PME qui avaient trop de trésorerie». Cette situation a été pour Xavier Corman l’élément déclencheur qui mènerait à la création de cette société entrant dans le champ des technologies financières.
Un acheteur pour chaque facture
À l’été 2012, «on a accouché l’idée de faire une place de marché où les sociétés qui ont besoin de trésorerie vendent des factures, non payées et non échues, à celles qui ont trop de trésorerie», raconte-t-il. Le «prototype» a été créé en 2013. L’année suivante, la jeune entreprise prenait son envol. «Dès le premier jour, on a eu des utilisateurs», soutient-il. Comment ça marche ? L’entreprise A envoie une facture de 5 000 euros à son débiteur, l’entreprise B. Au lieu d’attendre plusieurs jours pour recevoir l’argent, la firme A fait appel à Edebex via son site internet. Cette dernière, qui a analysé la facture en une journée pour voir s’il y a un risque de non-paiement ou de paiement tardif, la propose à la vente. Une entité, C, se manifeste et achète cette facture pour un prix moins élevé que son montant initial. Edebex demande alors au débiteur de payer l’acheteur, C, via sa plateforme. À l’échéance de la facture, le débiteur paye le montant de la facture sur le compte tiers d’Edebex et celle-ci transfère les fonds à l’acheteur. L’avantage de ce système pour le vendeur, A, étant qu’il reçoit l’argent en moyenne dans les 72 heures.
Le PDG d’Edebex précise que «les vendeurs de factures sont des PME et des TPE ayant des clients solvables». Les acheteurs de factures sont «d’autres PME, des family officies» et même «des petits fonds». «Le rôle d’Edebex, dit-il, c’est de trouver un acheteur pour chaque facture.» La jeune société se charge de faire «le suivi de la facture» et de faire dans certains cas un rappel de paiement ou d’ouvrir un dossier de contentieux. «On travaille avec une compagnie d’assurance dans le cas où un débiteur ferait défaut», ajoute-t-il.
En position de découverte
Le montant moyen enregistré par Edebex est de «20 000 euros par facture». La somme minimum acceptée pour pouvoir vendre sa facture est de 5 000 euros. En revanche, il n’y a pas de somme maximale.
Depuis le début de sa création, la firme belge a enregistré 100 millions d’euros de ventes de factures en ligne auprès de «500 entreprises en Belgique et en France», pays dans lesquels elle opère actuellement. Arrivant sur le marché luxembourgeois, Xavier Corman dit : «On est dans une position de découverte du marché. On n’a pas de feuille de route établie. On vient avec beaucoup d’humilité et on vient voir comment les entreprises luxembourgeoises vont être servies par Edebex.» L’entreprise emploie une quarantaine de personnes, dont une au Grand-Duché.
Aude Forestier
