Quelles perspectives économiques pour 2017 ? La Chambre de commerce presse le Luxembourg de se réinventer pour faire face à l’inquiétante évolution de l’économie mondiale.
Une révolution est en cours. Certains concepts économiques qui paraissaient bien établis «semblent remis en question», constate la Chambre de commerce.
Elle ne manque pas d’exemples, à commencer par la tendance accrue à la déglobalisation. «Entre le vote pro-Brexit, certains discours isolationnistes, voire populistes» ou encore «la grande difficulté des Européens à conclure l’accord CETA avec le Canada», la Chambre voit émerger une forme de «microprotectionnisme».
Qui arrive à un très mauvais moment, «car l’économie mondiale manque de souffle et elle ne peut en conséquence se priver du moteur qu’est le commerce entre nations». La Chambre plaide au contraire pour davantage d’innovation, de qualité des biens et des services et des accords de libre-échange équitables.
Deuxième source d’inquiétude, le concept du «deleveraging», à savoir la réduction de l’endettement.
La dette mondiale atteint un niveau record de 225% du PIB correspondant à 150 000 milliards de dollars. Or la crise financière ayant été avant tout une crise de surendettement, le «deleveraging» paraissait être une évolution naturelle. Mais les règles du «deleveraging» semblent avoir concerné que le secteur financier, et oublié le reste de l’économie. «Cela est dangereux car les crises sont plus sévères (longues et profondes) en situation de dette excessive», prévient la Chambre, qui craint un risque de bulle de crédit dans de nombreux pays.
SpaceResources : la tête dans les étoiles
Troisième exemple, la Chambre note que les gains de productivité ralentissent presque partout dans l’OCDE. «Il convient de contrecarrer ce phénomène, car la productivité est une précieuse boussole de la santé des économies».
Elle s’inquiète aussi du bouleversement du concept de concurrence. «À l’heure où l’on parle de plus en plus d’économie collaborative, on peut d’ores et déjà observer dans l’économie numérique une concentration croissante des activités», renforcé par le principe du «winner takes it all».
Face à ces bouleversements, «le Luxembourg doit se réinventer et révolutionner lui aussi», plaide donc la Chambre. La récente étude stratégique autour de la «Troisième révolution industrielle», soutenue par le prospectiviste américain Jeremy Rifkin, «n’est qu’un commencement» pour réussir la transition vers une économie décarbonisée et interconnectée.
Concernant la diversification économique du Luxembourg, «les retombées concrètes pour l’économie se précisent de plus en plus». La Chambre cite les activités liées aux technologies de l’espace et le lancement de l’initiative SpaceResources.lu. «Le Luxembourg devient en effet le premier pays européen à créer un cadre juridique établissant les droits des acteurs privés sur les ressources qu’ils vont extraire de l’espace, sur les astéroïdes par exemple, le but du Grand-Duché étant de devenir un pionnier dans l’exploration et la commercialisation des ressources des objets géocroiseurs, comme les astéroïdes».
En outre, «les efforts visant à diversifier et à promouvoir la place financière devraient se poursuivre en 2017, avec notamment une attention particulière sur les FinTech».
La logistique ou encore le Luxembourg Automotive Campus, dédié à la recherche et à l’innovation dans le secteur automobile, contribueront également à soutenir la diversification du tissu productif luxembourgeois. Ces niches de compétences pourraient être les secteurs porteurs de demain, espère la Chambre.
Romain Van Dyck