En ce jour de fête nationale lusitanienne, l’ambassadeur du Portugal, Carlos Pereira Marques, estime qu’il y a beaucoup de potentiel dans les relations économiques entre son pays et le Luxembourg. Selon lui, les TIC sont un secteur clé pour les deux pays. Par ailleurs, le diplomate pense que le taux de chômage va continuer à baisser au Portugal.
Le Quotidien : Depuis votre arrivée au Luxembourg, quel regard portez-vous sur le pays?
Carlos Pereira Marques : Je porte un regard très positif. Le Luxembourg m’a un peu surpris. Je pense que la caractéristique du Luxembourg en tant que pays européen, c’est sa capacité de se projeter dans le futur. Je trouve ça vraiment magnifique cette capacité de s’organiser, de se réinventer et de toujours trouver les meilleurs chemins pour le futur. C’est une qualité que j’apprécie beaucoup. Le pays a les moyens de le faire.
C’est un pays qui avance étape par étape, il a la capacité de s’adapter aux circonstances et de trouver les voies qui sont les voies du futur. Cette flexibilité m’impressionne beaucoup. Le Luxembourg est tout à fait un pays moderne, du futur. Quand on pense aux plans sur la troisième révolution industrielle, c’est très impressionnant.
Comment qualifieriez-vous les relations économiques aujourd’hui entre le Luxembourg et le Portugal?
Je pense qu’on peut encore faire beaucoup. Les relations sont saines. Nos exportations continuent à croître ces dernières années. Il y a beaucoup de potentiel et surtout on a un intérêt mutuel à diversifier ces relations. Pour le moment, nos exportations vers le Luxembourg se trouvent dans un secteur plutôt traditionnel, qu’on appelle le marché de la saudade (NDLR : la nostalgie, qui entraîne surtout une consommation alimentaire représentant 30 % des exportations). Ce que nous sommes en train de faire, c’est le grand pari de diversifier nos relations commerciales.
Je suis très content parce que le 25 mai dernier, on a pu pour la première fois organiser une grande mission avec des entreprises portugaises du secteur des TIC. Cette mission a été organisée avec l’AICEP (NDLR : l’agence publique pour la promotion du commerce et des investissements au Portugal) en collaboration avec la Chambre de commerce.
Ce qui est très surprenant et qu’on ne sait pas forcément, c’est que le Portugal est un pays des TIC comme le Luxembourg.
Absolument. Le 25 mai, on a réuni 20 entreprises dans ce secteur. Et l’après-midi, on a pu organiser environ 80 rencontres B to B avec des entreprises luxembourgeoises du même secteur.
Les TIC sont un secteur clé pour le Luxembourg mais aussi pour le Portugal, alors je pense qu’il y a vraiment de multiples possibilités de développer , de collaborations. Le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, doit visiter le Portugal les 14 et 15 juillet. Tout sera fait pour préparer une grande mission économique luxembourgeoise au Portugal qui pourra en principe avoir lieu début 2017.
Étienne Schneider participera au Web Summit au Portugal le 17 novembre. En principe, on attend 50 000 visiteurs. Nous sommes très contents d’accueillir le ministre de l’Économie du Luxembourg. On pense qu’on peut encore faire beaucoup de choses du point de vue économique et commercial. En 2015, le Luxembourg était le 5 e pays au monde où l’on a le plus investi. Les perspectives sont plutôt positives. Il faut travailler là-dessus.
La Chambre de commerce et d’industrie luso-luxembourgeoise, qui existe depuis 2003, peut-elle être un atout dans ce type de relations?
Oui. Nous avons une excellente collaboration avec la Chambre de commerce. L’AICEP et la Chambre de commerce et d’industrie luso-luxembourgeoise travaillent ensemble. Cette collaboration est fructueuse, surtout ils ont l’avantage d’être ici et de bien connaître le marché. Les relations sont tout à fait excellentes.
Les dernières statistiques montrent qu’au Portugal le taux de chômage est stable (12 %) et qu’il baisse chez les jeunes (29,9 %), pensez-vous que cette baisse du chômage va continuer?
Oui, je pense. Tout l’indique, c’est une tendance stable depuis ces dernières années. Cette tendance va continuer, car les indicateurs sont plutôt positifs. On a un taux de croissance en 2016 de 1,5 %. Les prévisions pour 2017 sont de 1,7 %. On est dans la moyenne européenne.
Et sur le plan des exportations, qu’en est-il?
Les exportations augmentent, les recettes du tourisme ne cessent d’augmenter depuis 2011, les perspectives sont plutôt positives. D’ailleurs, les exportations comptent pour 45 % du PIB, c’est plutôt positif. Ces dernières années, le Portugal a fait d’énormes efforts du point de vue financier. C’était une période très exigeante avec des mesures très rigoureuses qui commencent à porter leurs fruits.
Le Centre culturel portugais situé à Luxembourg-Merl a été inauguré en mars. Est-ce une fierté pour vous?
C’est une fierté, oui ( rire ), nous sommes très contents. C’est un espace d’excellence. C’est très beau. On a pu compter avec une collaboration avec l’architecte portugais et luxembourgeois Jean-Paul Carvalho. Je pense que le centre culturel était l’écrin dont on avait besoin pour bien promouvoir la culture portugaise auprès du grand public luxembourgeois. Le centre est un bon atout pour le faire.
Quel message voulez-vous faire passer aux Portugais à l’occasion de la fête nationale?
Cette fête nationale (ce vendredi 10 juin), c’est le jour du Portugal, de Camões et des communautés portugaises. C’est surtout le jour où nous fêtons les valeurs portugaises : la tolérance, la capacité d’établir des ponts pour dialoguer, la générosité. Ce sont des valeurs toujours très présentes tout au long de l’histoire du Portugal, qui caractérisent le peuple portugais et qui sont d’une grande actualité.
Aude Forestier