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Du vin dans le gel hydroalcoolique : la France distille les excédents de la crise


Il s'agit en particulier de libérer de la place dans les caves avant les prochaines vendanges. (illustration AFP)

Les viticulteurs ont payé un lourd tribut à la Covid-19. A partir de vendredi, ils vont commencer à distiller quelque 2 millions d’hectolitres de vins non vendus afin de fabriquer du bioéthanol ou du gel hydroalcoolique.

« Dès demain, les 33 distillateurs agréés en France pourront collecter du vin et distiller », a déclaré jeudi Didier Josso, le délégué de la filière vins de l’organisme FranceAgriMer qui gère les marchés agricoles. La mesure exceptionnelle, permise par Bruxelles et financée sur fonds publics européens, doit s’étendre jusqu’au 15 octobre.

Il s’agit en particulier de libérer de la place dans les caves avant les prochaines vendanges. Confrontés à une crise historique due à la chute de la consommation durant le confinement et à la baisse des exportations notamment vers les États-Unis, les professionnels ont estimé les besoins en distillation à trois millions d’hectolitres.

Les fonds débloqués devraient permettre de traiter deux millions d’hectolitres, à raison de 78 euros d’indemnisation pour un hectolitre de vin sous appellation et 58 euros/hl pour un vin sans indication géographique, a indiqué Didier Josso. FranceAgriMer indemnisera les distillateurs qui seront chargés de répercuter les aides sur les producteurs.

Les ventes de champagne à sec

Tous les vins de tous les bassins sont potentiellement éligibles, à l’exception des vins sans indication géographique de Bourgogne, Beaujolais, Alsace, Savoie, Jura, Charente et Cognac, qui représentent néanmoins de faibles volumes. Les deux autres grands pays producteurs viticoles, l’Espagne et l’Italie, ont recours à des mesures similaires pour réguler les excédents, ainsi qu’à des « vendanges en vert », c’est-à-dire des destructions de grappes immatures sur les ceps, que la France ne subventionne pas.

L’alcool issu de la distillation de crise est exclusivement réservé à l’industrie, pour la fabrication de bioéthanol, ou pour la pharmacie et les cosmétiques notamment pour la production du gel hydroalcoolique utilisé pour freiner la transmission de l’épidémie.

Alors que les ventes de produits de grande consommation ont fait un bond de 8,9% en grande distribution sur les huit semaines du confinement, les ventes du rayon « liquide » ont baissé de 3% par rapport à la même période de 2019.

Le champagne a pris le Covid de plein fouet avec une chute hebdomadaire des ventes allant jusqu’à 64% au creux du confinement, pas du tout compensée par un petit rebond de 3% la semaine du déconfinement.

LQ/AFP