En quête de confidentialité et de sécurité, de plus en plus d’internautes ont recours aux VPN sur leur ordinateur ou leur smartphone pour déjouer les blocages de sites ou protéger leur connexion, notamment lorsqu’ils télétravaillent. Petit tour d’horizon du marché et de ses acteurs.
Qu’est ce qu’un VPN ?
Un VPN, ou « virtual private network » (« réseau privé virtuel »), est un outil permettant d’accéder à internet via un « tunnel chiffré », qui rend la connexion anonyme et masque la localisation de l’internaute en changeant son adresse IP.
Les VPN peuvent être utilisés pour déjouer le blocage de certains sites, notamment dans les pays où règne la censure, ou bien pour contourner les restrictions géographiques imposées notamment par les plateformes de streaming.
Plus généralement, ils servent à renforcer la protection des ordinateurs face aux cybermenaces et, pour les salariés travaillant à distance, à accéder de façon sécurisée au réseau interne de leur entreprise.
Que pèse ce marché?
D’après le site spécialisé DataReportal, 28% des internautes âgés de 16 à 64 ans utilisaient un VPN l’an dernier. Les utilisateurs sont particulièrement nombreux en Inde (42%), en Indonésie (40%) et au Nigeria (38%).
Le marché du VPN a par ailleurs fortement progressé ces dernières années, passant de 25 milliards de dollars en 2019 à 45 milliards en 2022, selon le cabinet Global Market Insight. Et cela devrait encore accélérer, avec 350 milliards attendus en 2032.
« Le secteur va à coup sûr continuer de grossir », confirme Franz Kasperec, responsable de la sécurité et des infrastructures au sein du groupe de services informatiques Atos, qui anticipe un « boom » des besoins, notamment avec l’essor de la 5G.
Pourquoi cet engouement ?
Le succès des VPN s’explique d’abord par le recours croissant à des services basés sur le cloud, qui exposent les entreprises à de multiples menaces, et par la hausse du télétravail depuis la pandémie de Covid-19.
La tendance croissante à la « mobilité » dans le monde du travail « a accru l’intérêt » pour les VPN dans les entreprises, qui cherchent à se prémunir contre les « fraudes » et les « interceptions de communications », détaille Franz Kasperec.
Selon Simon Migliano, directeur de la recherche du site spécialisé top10vpn, l’attrait pour ces outils s’explique aussi par la hausse des fermetures de sites à des fins de « contrôle social » ces derniers mois dans les régimes autoritaires.
En Iran, la demande de VPN a bondi de 3 000 % lorsque le mouvement de contestation anti-régime a éclaté fin septembre, selon cet expert. En Russie, un pic de téléchargement de 2 600 % a été enregistré après l’invasion de l’Ukraine voilà un an.
Qui sont les poids lourds du secteur ?
Deux grands types de VPN sont disponibles sur le marché : les gratuits, dont le modèle économique repose principalement sur la publicité, et les payants, destinés principalement aux entreprises et aux administrations.
« Le marché des VPN gratuits est très fragmenté. C’est particulièrement vrai pour les smartphones, en raison de la faible barrière à l’entrée » en termes de « coût de développement d’une application VPN basique », explique à l’AFP Simon Migliano.
Pour les VPN payants, on assiste à l’inverse « à une consolidation accrue, suite à plusieurs acquisitions très médiatisées de marques établies par des sociétés plus importantes », ajoute le chercheur.
Deux grands acteurs dominent ce marché : Kape Technologies, propriétaire de Zenmate, CyberGhost et ExpressVPN, et Nord Security, qui possède NordVPN, Surfshark et Atlas VPN.
A leurs côtés figurent de nombreux acteurs spécialisés, comme Sectra ou Atos, qui travaillent notamment pour les ministères et le secteur de la Défense – ce qui implique du « sur mesure sécuritaire », selon David Leporini, directeur sécurité IoT chez Atos.
Les VPN sont-ils infaillibles ?
Bien que performants en matière de protection de la vie privée, les VPN ne permettent pas d’être « complètement anonyme » car ils ne protègent pas « des traceurs, des cookies et des empreintes digitales du navigateur », prévient Simon Migliano.
Tous les VPN, en outre, ne se valent pas. Ces dernières années, un « flot » d’outils « peu performants et présentant de graves lacunes » sont apparus sur le marché des VPN gratuits, cherchant à « monétiser » les données des « utilisateurs », insiste cet expert.
Le recours aux VPN payants permet d’éviter cet écueil. Mais là encore, l’idéal est de les intégrer dans « une boîte à outils plus large », pouvant inclure « un logiciel antivirus » et « un gestionnaire de mots de passe », estime Simon Migliano.