Les membres de la commission d’enquête du Parlement européen sur le Dieselgate, de passage mercredi au pays, ont pu constater les efforts de transparence du pays en la matière.
Les eurodéputés formant cette commission d’enquête ont rencontré le directeur de la Société nationale de certification et d’homologation (SNCH) et la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg. Cette dernière leur a annoncé que le gouvernement avait ordonné le lancement d’un audit sur cette institution en charge, notamment, de la vérification des émissions des voitures. Les conclusions sont attendues de pied ferme.
L’information sortie lundi avait fait l’effet d’une bombe. À la veille du premier anniversaire du Dieselgate, scandale qui avait révélé que Volkswagen avait triché pour rester en dessous des normes d’émissions fixées par le législateur, une ONG avait annoncé que près de 29 millions de véhicules équipés d’un moteur diesel circulant sur les routes de l’Union européenne émettaient beaucoup plus de gaz polluant que la limite autorisée.
Ce chiffre-choc est tiré d’une étude menée par Transport & Environment (T&E). L’organisation non gouvernementale a compilé les données de 230 modèles, issues des enquêtes réalisées par les gouvernements français, britannique et italien ainsi que des bases de données publiques.
T&E a calculé que plus de quatre véhicules sur cinq répondant aux normes Euro 5 vendus entre 2010 et 2014 produisent plus de trois fois la norme fixée pour les émissions d’oxyde d’azote lors des tests en laboratoire (lire notre édition de mardi). Concernant les véhicules «Euro 6», vendus sur le marché depuis 2015, deux tiers d’entre eux émettent jusqu’à plus de trois fois la limite fixée. Ces véhicules «sales» circulent principalement chez nos voisins français (5,5 millions) et allemand (5,3 millions).
C’est dans ce contexte très lourd que les membres de la commission d’enquête du Parlement européen sur le scandale du diesel se sont rendus hier au Luxembourg. Ils rendront également visite à la France et à l’Allemagne. Au Grand-Duché, ils ont eu l’occasion de rencontrer le directeur de la Société nationale de certification et d’homologation (SNCH), Claude Liesch, et la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg.
Un dossier prioritaire pour Dieschbourg
Le premier leur a, entre autres, expliqué le fonctionnement de la SNCH. La seconde, qui a demandé à rencontrer les membres de la commission et qui veut «une transparence sur le système», leur a expliqué qu’un audit sur la SNCH était en cours. Il se situe dans le cadre des efforts de transparence que le Grand-Duché souhaite fournir pour faire toute la lumière sur ce dossier «puant».
«Le but de l’échange de vues avec la commission d’enquête a été de renseigner les eurodéputés sur la position du Luxembourg en matière de réformes dans le domaine de la mise sur le marché des voitures et sur les démarches entreprises», note le communiqué officiel du ministère de l’Environnement.
D’après le porte-parole de la ministre, contacté hier par nos soins, les conclusions de l’audit seront dévoilées le moment venu par le ministre du Développement durable, François Bausch. Aucune date précise n’a cependant été avancée.
Il est néanmoins à préciser que pendant la présidence européenne du Luxembourg, au deuxième semestre 2015, la ministre de l’Environnement s’était intéressée plus particulièrement au dossier des tests d’émissions, sous l’angle de la politique européenne de qualité de l’air et le projet de directive afférent (NEC). «En effet, le Luxembourg est d’avis que tout progrès en matière de qualité de l’air nécessite un saut qualitatif en matière d’émissions réelles des voitures», conclut le communiqué officiel.
Aude Forestier (avec AFP)